Après une année 2011 très bousculée par une crise économique polymorphe en
Europe et par l’incertitude qui souffle encore sur le tourisme des rives Sud et
Est méditerranéennes, les premiers scénarios concernant 2012 sont établis à
l’occasion de l’ITB. Ils confirment des départs en vacances de cette année,
égaux ou supérieurs en nombre par rapport à 2011, estimés selon les sources
entre +1 à + 2% depuis l’Europe et de +3 à +4% depuis le monde (dont +6,5%
depuis l’Asie).
Chez les Européens, le «moins loin moins cher» devrait progresser cette année,
ainsi que les destinations domestiques. Pour leurs voyages à l’étranger, et
comme en 2011, les destinations européennes seront préférées aux voyages de
vacances hors de l’Union, notamment depuis les marchés du Sud européen. En
revanche, les départs depuis le marché russe «toutes destinations» devraient
poursuivre leur forte hausse enregistrée en 2011.
En
Méditerranée du Sud et de l’Est, les destinations marocaines et turques sont
attendues en forte hausse en 2012. La Jordanie devrait également enregistrer une
progression significative de ses arrivées. L’incertitude est encore de mise
vis-à-vis d’autres destinations, les Européens y ayant perçus des avis
contradictoires sur d’éventuelles restrictions de consommation ou sur les tenues
vestimentaires, qui pourraient être exigées des touristes.
La demande pour un tourisme culturel et respectueux de l’environnement
s’installe calmement.
La communication anxiogène des dernières années sur les dangers du tourisme pour
l’environnement s’est, pour l’instant, calmée. Une nouvelle phase est en route,
celle de la généralisation progressive d’un tourisme durable, privilégiant la
qualité écologique et l’alternative culturelle authentique. Les vacances mer +
soleil resteront encore fort demandées, mais seront maintenant concurrencées par
un tourisme plus «responsable». C’est un mouvement de fond qui devrait se
renforcer lentement, mais continuellement, au cours des prochaines années.
Le tourisme 2012 investit massivement l’Internet, par:
– les Agences en lignes,
– les Entrepôts de données des aériens, des ferroviaires, des hébergeurs, des
spectacles, des loueurs de voitures,
– les comparateurs qui apportent chaque jour leurs tombereaux de prix, tous
différents, et qui changent sans cesse, jusqu’à l’excès,
– les centrales de destination.
La distribution classique par les
Agences de Voyage physiques marque
sérieusement le pas, au profit de l’Internet questionné par près de 80% des
Européens pour se renseigner puis pour faire le choix d’une destination de
vacances. Plus de la majorité d’entre eux achèteront leurs séquences de vacances
«en ligne» (53%). Les réservations de l’aérien se réalisent surtout sur les
sites des compagnies concernées. Les réservations hôtelières se réalisent de
plus en plus souvent sur des sites hôteliers comportant les avis des clients
précédents (bien que de nombreux «faux avis» y soient relevés). L’achat d’un
voyage à forfait : transport + hébergement + activités, marque le pas.
Les centrales de destination ne sont pas assez visibles (pas assez de liens
pointant sur leurs adresses, pas assez de notoriété, faible «page rank»). Elles
pourraient jouer un rôle important en Méditerranée, remplaçant la publicité
classique qui ne touche aujourd’hui que moins de 20% des prospects et les
campagnes de courriels qui sont considérées, très majoritairement, comme des
spams par les messageries électroniques, avant d’échouer automatiquement, et
pour la plupart d’entre elles, dans le fichier «courrier indésirable» sans même
avoir été lues. Il n’en est pas de même sur les réseaux sociaux.
Il est de plus en plus nécessaire que les pouvoirs publics régionaux ou
nationaux, qui sont à l’initiative de ces centrales de destination (ou sites
portails) et chargés de la promotion, puissent organiser un dialogue constant
avec les professionnels concernés. Le choix du prestataire électronique qui sera
finalement associé à la réservation instantanée n’est pas neutre. La marge
bénéficiaire perçue par le professionnel ainsi réservé peut varier d’une manière
importante en fonction du prestataire de réservation qui, lui, est associé selon
qu’il sera une Agence en ligne, un comparateur, ou un Entrepôt de données.
Il faut s’attendre à une simplification de la jungle tarifaire, réduisant la
braderie permanente qui pénalise à la fois les professionnels et les prospects
qui cherchent tous plus de fluidité dans les propositions. Plusieurs grands
acteurs du web planchent sur des choix clairs correspondants à un budget proposé
à la réservation instantanée, associé à la certitude d’avoir payé le bon prix
pour le bon produit.
—————
*président Fondateur de META (Mediterranean travel association)