Troc.com : 30 ans déjà, une image à dépoussiérer et le web à conquérir

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à Plan-de-Campagne dans le sud-est de la France (Photo : Boris Horvat)

[19/03/2012 07:03:21] AVIGNON (AFP) L’aventure a commencé en 1982 sur l’île de la Barthelasse, à Avignon. Trente ans plus tard, Troc de l’Ile, devenu l’enseigne Troc.com, s’est imposé comme le leader du dépôt-vente, mais peu connu du grand public et concurrencé par internet, il a décidé de faire peau neuve.

Lancement d’un service d’annonces de particulier à particulier, relookage de ses 205 magasins et offensive publicitaire: le groupe Troc Europe, racheté en octobre 2011 par des investisseurs luxembourgeois (Saphir Capital Partners), compte sur ces trio de mesures pour retrouver la voie de la croissance.

Quand Troc de l’Ile voit le jour, le marché de l’occasion en est à ses prémices : les consommateurs qui se sont massivement équipés pendant les 30 Glorieuses veulent se débarrasser de l’ancien pour acheter du neuf, raconte son fondateur Jean-Pierre Boudier, de passage au siège de l’entreprise après avoir pris sa retraite à l’âge de 74 ans.

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à Plan-de-Campagne dans le sud-est de la France (Photo : Boris Horvat)

Ancien cadre de la distribution au chômage, il souhaite alors “apporter une alternative” à une clientèle qui, pour revendre ses biens, n’a que les journaux de petites annonces à sa disposition.

Il ouvre un premier dépôt-vente de 1.000 m2, puis très vite six succursales, avant d’accélérer en 1987 le développement de l’entreprise par le biais de la franchise. D’abord en France puis en Europe (Allemagne, Belgique, Espagne, Luxembourg, Suisse). La société entre en Bourse, puis s’agrandit fin 2010 en croquant son rival La Trocante.

Mais ces dernières années, le chiffre d’affaires (138,8 millions d’euros d’octobre 2010 à fin septembre 2011, en recul de 4%) a souffert de la baisse du montant des transactions dans l’ameublement, sous l’influence d’un géant comme Ikea. Et puis surtout, de la rivalité avec des sites du type Le Bon Coin, eBay ou PriceMinister, où les transactions se font sans intermédiaire.

Face à ce défi, Troc Europe va se positionner à partir d’avril sur ce créneau des annonces gratuites pour permettre aux chineurs de partager directement leurs offres. Parallèlement, les magasins, qui s’apparentent aujourd’hui à de grands hangars un peu impersonnels et parfois fouillis, vont être réaménagés et de nouveaux points de vente ouverts (360 en 2017).

“L’idée est de faire voyager le consommateur dans un espace organisé par univers de produits”, relève le nouveau directeur général Dominique Munier, qui mise aussi sur la publicité pour accroître la notoriété de la marque.

Autre stratégie: l’élargissement de la gamme à travers la diversification des sources d’approvisionnement (hôtels, centres de loisirs, collectivités…), à côté des dépôts des particuliers, et la vente de produits neufs (avec un objectif de 30% en 2014, contre 5% actuellement).

Pour s’adapter aux jeunes générations, l’accent est mis sur les loisirs et le multimédia, notamment la téléphonie mobile. Et une sélection plus sévère (pas de canapés tachés par exemple), histoire de se démarquer des brocanteurs et autres vide-greniers.

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é de Troc.com porte un article le 18 mars 2012 à Plan-de-Campagne dans le sud-est de la France (Photo : Boris Horvat)

Le marché, lui, est incontestablement porteur. En période de crise, les consommateurs sont à l’affût des bonnes affaires, souligne Pascale Hébel, directrice du département consommation au Crédoc.

Et fait nouveau, “le troc fait partie du mieux consommer” en donnant une seconde vie aux objets. Il séduit de ce fait de plus en plus les diplômés et les citoyens à la fibre écologiste. Ceux aussi en quête d’objets anciens ou insolites, comme cette armoire de mariage vieille de plus de 200 ans en vente au prix de 900 euros dans un magasin d’Avignon.