Italie : semaine décisive pour la réforme du marché du travail de Monti

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à Rome (Photo : Tiziana Fabi)

[19/03/2012 07:34:18] MILAN (Italie) (AFP) Une semaine décisive s’ouvre en Italie pour la réforme du marché du travail, l’une des grandes priorités du gouvernement de Mario Monti qui doit encore convaincre les partenaires sociaux sur plusieurs points avant d’arriver à un accord.

M. Monti a convoqué les syndicats et le patronat mardi à 15H30 (14H30 GMT) au Palais Chigi, le siège du gouvernement à Rome, en vue de boucler la négociation avant la fin de la semaine. “Chacun doit céder quelque chose. Notre devoir est de faire émerger l’intérêt général”, a-t-il insisté ce week-end.

Dès son arrivée au pouvoir à la mi-novembre, l’ex-commissaire européen avait annoncé sa volonté de réformer en profondeur le marché du travail pour aller vers un modèle de “flexi-sécurité” à la danoise, en mesure, selon lui, de relancer l’emploi et la croissance.

Le taux de chômage est inférieur en Italie à la moyenne de la zone euro (9,2% contre 10,7% en janvier) mais le taux d’emploi est en revanche l’un des plus bas d’Europe (56,9% en 2010) en raison de l’importance du travail au noir et du faible taux d’emploi des femmes.

Avec cette réforme, le gouvernement entend rendre le marché du travail plus flexible en facilitant les licenciements économiques à travers une modification de l’article 18 du Statut des travailleurs qui continuera en revanche à protéger les salariés victimes de licenciements discriminatoires.

Il veut s’attaquer par ailleurs à la précarité, problème central en Italie touchant en particulier les jeunes et les femmes, en la rendant plus coûteuse pour les entreprises et en faisant le ménage dans la jungle des contrats.

Afin d’aider les jeunes à entrer sur le marché du travail, l’apprentissage sera favorisé.

Le gouvernement veut enfin remettre à plat l’assurance chômage en créant un seul système “universel” pour tous les salariés alors que certains en sont aujourd’hui privés.

Plus avantageux que le système de base actuel, le modèle proposé par le gouvernement est en revanche moins favorable qu’un autre, qui ne bénéficie qu’aux salariés de PME ou de grandes entreprises industrielles et commerciales.

Pour M. Monti, l’enjeu est de taille: l’Italie a retrouvé la confiance des marchés notamment grâce à l’adoption d’un nouveau plan de rigueur en décembre, mais il doit encore prouver qu’il est capable de réformer une économie à la croissance poussive depuis une dizaine d’années.

Le chef du gouvernement et sa ministre du Travail, Elsa Fornero, ont affiché leur confiance quant à leurs chances de parvenir à un accord. “Le patronat se plaint, le syndicat se plaint. Celà pouve que nous ne travaillons pas pour une seule partie mais pour le pays et pour l’avenir”, a plaidé Mme Fornero.

Car plusieurs points épineux restent à résoudre afin de convaincre les partenaires sociaux de signer.

“Nous sommes bien loin d’un accord”, a averti Susanna Camusso, la numéro un de la CGIL, le premier syndicat italien (gauche), qui est contre les propositions avancées par le gouvernement sur l’article 18 qu’elle défend bec et ongles depuis le début de la négociation.

La “patronne des patrons” Emma Marcegaglia a appelé au contraire le gouvernement à être ambitieux sur les licenciements car une “petite réforme” entraînerait une réaction négative” des “marchés”. Elle a aussi exprimé la “forte inquiétude” des entreprises à l’égard de la hausse des cotisations sur les contrats précaires.

Cela “risque de réduire le niveau d’emploi plutôt que de l’augmenter”, a-t-elle mis en garde alors que les représentants des artisans et commerçants ont eux dénoncé un coût “insoutenable” et menacé de ne plus appliquer leurs accords de branche.

M. Monti n’avait pas exclu initialement de présenter sa réforme au Parlement même sans le feu vert des partenaires sociaux mais un non, en particulier de la CGIL, lui compliquerait la tâche car il lui serait plus difficile d’avoir le soutien du Parti Démocrate, la principale formation de gauche, sur son texte.