Le Qatar s’impose comme un “allié de poids” pour Arnaud Lagardère

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ère PDG du groupe éponyme, le 8 mars 2012 (Photo : Eric Piermont)

[19/03/2012 18:57:04] PARIS (AFP) Le Qatar, investisseur tous azimuts en France, est monté en puissance dans le capital de Lagardère SCA, avec une participation de 12,83%, et s’impose avec ce partenariat renforcé comme “un allié de poids” pour le PDG Arnaud Lagardère, selon plusieurs analystes.

L’émirat a augmenté sa participation dans le groupe diversifié (médias, aéronautique, sport) dont il détient désormais 12,83% des parts et 10,05% des droits de vote, a annoncé lundi l’Autorité des marchés financiers (AMF).

Mais Qatar Holding LLC pourrait augmenter encore ses parts et envisage même d’intégrer le conseil de surveillance du groupe, sans pour autant vouloir en prendre le contrôle, selon l’AMF.

Le site Investir.fr s’interrogeait lundi sur le point de savoir si la participation effective de l’émirat ne s’élèverait pas en réalité à “26,07%”.

Selon Investir, qui s’appuie sur la “base de données de Bloomberg”, il apparaitrait, sauf erreur de Bloomberg, qu'”aux côtés de Qatar Holding des personnes physiques ou morales de l’émirat détiennent effectivement plus d’un quart du capital de la commandite”.

Interrogé par l’AFP, le groupe Lagardère n’a souhaité faire “aucun commentaire sur cette opération”.

Le titre, sévèrement sanctionné à la Bourse de Paris après la publication des résultats 2011 pour le “manque de visibilité dans la stratégie” du groupe, progressait de 0,32% lundi à la mi-journée, aussitôt après l’annonce de l’AMF.

Loin d’être perçue comme une menace par plusieurs analystes interrogés par l’AFP, cette montée en puissance du Qatar est à leurs yeux une “bonne nouvelle” pour Arnaud Lagardère.

“Du moins pour l’instant”, nuance toutefois l’un d’eux, “puisque cette opération s’est faite en coopération avec le PDG”.

Ce dernier pourra s’appuyer sur “un allié de poids lors des votes”. Avec respectivement 14,01% et 10,05% des votes Arnaud Lagardère et son allié ont ainsi sécurisé “de facto une quasi-minorité de blocage”, et “très peu de décisions pourront être contestées en assemblée générale”, selon un autre analyste à Paris.

Cette opération est donc un contre-feu à toute velléité de grogne ou d’opposition de la part d’actionnaires qui pourraient s’alarmer des difficultés du groupe qui a essuyé une perte nette de plus de 700 millions d’euros l’an dernier, liée essentiellement aux mauvais résultats de la branche “Sport” du groupe (Lagardère Unlimited).

En outre, le partenariat renforcé du Qatar vise à “valider” la stratégie controversée d’Arnaud Lagardère, “en montrant qu’un gros investisseur croit comme lui au potentiel du sport”, selon un autre analyste.

Mais cette alliance s’explique aussi par les liens qui unissent de longue date la famille al Thani, gestionnaire du fonds souverain Qatar Investment Authority (QIA) (maison mère de Qatar Holding LLC,ndlr) à la famille Lagardère, note un analyste à Londres.

La petite monarchie du Golfe reste ouverte à des discussions “avec tout acteur intéressé, le cas échéant, en vu de partenariats stratégiques permettant la création de valeur à long terme pour les actionnaires de la société”, a fait savoir l’AMF.

La participation qatarie, perçue à ce stade comme un simple partenariat industriel avec Lagardère, “pourrait peut-être déboucher un jour sur l’acquisition de la branche Unlimited”, dépréciée de plus de 500 millions d’euros au titre de 2011, estime un analyste familier du groupe.

Cet ultime dénouement serait alors, selon lui, “une bonne nouvelle pour tout le monde”.

Il serait aussi une nouvelle illustration de l’intérêt porté par le Qatar au marché potentiellement très lucratif des droits sportifs.

La télévision Al-Jazira, perçue comme “son bras armé” en Europe, et parfois conseillée par la famille Lagardère, a déjà posé des jalons en France.

Elle a programmé le lancement avant l’été de deux chaînes sportives en continu, après avoir soufflé à ses rivales françaises Canal+, M6 et TF1 la plus grosse part des droits des Ligues de foot.

Elle ne s’arrêtera pas là et affiche déjà l’ambition d’élargir son catalogue à d’autres sports comme le tennis ou le cyclisme.