Une chose est certaine: le sentiment d’appartenance à une Tunisie indépendante et optimiste a pris le dessus, le mardi 20 mars, sur toutes nos divergences et nos différences. C’est très important.
Deux événements de grande importance ont marqué, mardi 20 mars, la célébration du 56ème anniversaire de l’indépendance de la Tunisie. Et tous deux, par leur éclat et le message qu’ils ont véhiculé, ont de quoi redonner pleinement espoir en une Tunisie unie, solidaire et –surtout– confiante en un avenir prometteur et capable d’endiguer toutes sortes de différends d’ordre idéologique qui, par intermittence, semblent menacer son unité.
Le premier est évidemment la marche grandiose entreprise par des milliers de jeunes et moins jeunes sur l’Avenue H. Bourguiba en appelant à «Un Etat civique», «Un Etat citoyen», «Un Etat de droit» ou encore à «Une Tunisie unique, une Tunisie plurielle». Même scénario à Sfax où également des jeunes, par milliers, ont observé des marches pacifiques aux slogans de «Le peuple veut un Etat civil» et «La Tunisie est pour tous, sans exclusion ni marginalisation».
Même son de cloche au Palais de Carthage où le chef d’Etat, Moncef Marzouki, lors d’un discours important au cours duquel il a lancé un appel à la réconciliation nationale pour l’unité du pays, a réitéré la volonté irréversible de la Tunisie pour un Etat démocratique. Il est un fait indéniable, au fond, que la Tunisie ne peut plus faire marche arrière aujourd’hui et démolir cet édifice construit depuis 56 ans sur des bases résolument tournées vers le respect des droits de l’homme et de la femme, ainsi que le respect mutuel de nos différences de quelque ordre qu’elles soient. Beaucoup mieux que de camper, chacun, sur nos positions subjectives et, somme toute, stériles, le devoir national nous invite aujourd’hui à relever cet autre défi ardu qu’est l’emploi pour tous et sans lequel le pays ressemblerait à un corps bancal, estropié.
Le deuxième événement a consisté en la réconciliation, au Palais de Carthage, des familles Ben Youssef et Bourguiba, par le petit-fils de ce dernier et la veuve de Salah Ben Youssef interposés. Un geste éminemment humaniste et de toute noblesse qui s’est voulu un bouclier contre la haine, la rancune, la réminiscence et la tentation vengeresse. Un très bel exemple administré à nos enfants qui auront certainement compris qu’il ne servirait à rien de fouiller dans nos vieilles plaies pour exacerber le sentiment de haine.
Aujourd’hui, la vraie et deuxième révolution à laquelle nous devons nous atteler tous est de laisser de côté toutes sortes de ressentiment, d’animosité et d’hostilité pour faire un front soudé, et attaquer les vrais problèmes économiques et sociaux qui malmènent encore nos frères du Nord-ouest et du Sud du pays. Sinon pour nous, du moins pour l’avenir de nos enfants et de la Tunisie entière.