à Tokyo, le 6 décembre 2011 (Photo : Yoshikazu Tsuno) |
[22/03/2012 08:29:09] TOKYO (AFP) Des actionnaires étrangers Olympus ont appelé le groupe d’appareils photo frappé par un scandale à revoir sa nouvelle équipe de direction, accusant les banques créancières de disposer d’une influence “indue”.
Dans une lettre ouverte à l’entreprise, dont l’AFP a pris connaissance jeudi, ces neuf investisseurs institutionnels totalisant 30% des parts estiment qu’une direction “indépendante” devrait prendre les rênes du groupe, en pleine tourmente depuis la révélation de manipulations financières en octobre dernier.
“Nous regrettons que le comité de réforme de la gouvernance d’Olympus semble donner aux banques une influence indue lors de l’assemblée générale des actionnaires du 20 avril”, ont-ils expliqué.
“Accepter une réforme conduite par les banques serait nuisible, de notre point de vue, à l’intérêt des actionnaires et aux efforts de l’Agence des services financiers du Japon et de la Bourse de Tokyo pour redresser l’image de la gouvernance d’entreprise dans ce pays”, ont-ils ajouté.
Ces neuf investisseurs, parmi lesquels les américains Harris Associates et Indus Capital Partners et les britanniques F&C Management et Southeastern Asset Management, font référence à la désignation par Olympus d’une nouvelle équipe de direction fin février.
Cette équipe, désignée sous réserve d’approbation de la prochaine assemblée générale des actionnaires, comprend notamment comme président du conseil d’administration un ancien administrateur de la banque Sumitomo Mitsui, Yasuyuki Kimoto.
Un nouveau PDG exécutif a aussi été désigné, Hiroyuki Sasa, un responsable qui a fait toute sa carrière chez Olympus et était l’un des dirigeants de la filiale de systèmes médicaux, une activité pilier du groupe qui contrôle 70% du marché mondial des endoscopes.
L’ancienne direction s’est retirée, éclaboussée par le retentissant scandale déclenché par les révélations de l’ex PDG du groupe Michael Woodford, renvoyé à la mi-octobre officiellement pour “méthode de travail inadaptée”.
Ce Britannique, premier dirigeant étranger de cette entreprise nonagénaire, avait en réalité mis à jour des irrégularités comptables, que les enquêteurs nippons dépêchés après les révélations de M. Woodford ont détaillé: la direction a camouflé plus de 130 milliards de yens de pertes (près de 1,2 milliard d’euros) issues d’investissements qui ont tourné au fiasco après l’éclatement de la bulle financière des années 1980.
M. Woodford a ensuite émis le souhait de revenir à la tête de l’entreprise avec une nouvelle équipe, mais a fini par jeter l’éponge faute d’avoir obtenu le soutien nécessaire d’actionnaires japonais du groupe.
Cette affaire a jeté une ombre sur l’image de la gouvernance des entreprises nippones à l’étranger, le Premier ministre nippon lui-même appelant à faire toute la lumière pour restaurer la confiance.