ève des transports le 2 février 2012 à Lisbonne (Photo : Patricia de Melo Moreira) |
[22/03/2012 09:24:18] LISBONNE (AFP) Le Portugal tournait au ralenti jeudi en raison d’une grève générale et de manifestations à l’appel du principal syndicat qui espérait une forte mobilisation contre les mesures d’austérité du gouvernement responsables, selon lui, de la récession et du chômage.
La grève touchait particulièrement les transports dans les principales villes du pays où des manifestations étaient prévues dans l’après-midi.
A Lisbonne, le métro et les navettes fluviales reliant les deux rives du fleuve Tage étaient à l’arrêt tandis que l’activité dans les principaux ports du pays devait être réduite.
Des services minimum ont été mis en place pour les trains et les autobus dans la capitale et pour le métro de Porto, la grande ville du nord du pays. De sérieux embouteillages étaient toutefois prévisibles, les usagers ayant recours à leurs véhicules particuliers.
à une grève générale de 24 heures, le 20 mars 2012 à Lisbonne (Photo : Francisco Leong) |
“Manif”, “Grève générale”, “Basta” pouvait-on lire à Lisbonne sur les très nombreuses affiches, collées les jours précédents par les militants de la CGTP, le principal syndicat portugais et le seul à avoir appelé à cette grève générale.
“En raison d’une grève le métro est fermé. Veuillez nous excuser pour la gêne occasionnée”, annonçait une pancarte accrochée sur les grilles du métro de Lisbonne.
“Je suis solidaire avec les grévistes mais les services minimum sont insuffisants. Comment voulez-vous aller travailler dans ces conditions”, se plaignait un quinquagénaire portugais.
“Nous sommes convaincus que nous aurons un taux de participation significatif”, a assuré récemment Arménio Carlos, le leader de la CGTP qui rassemble quelque 600.000 sympathisants, cette grève apparaissant comme un test de l’influence de son syndicat.
La CGTP s’est lancée seule dans la bataille, sans le soutien de l’autre grande centrale syndicale, l’UGT, qui l’avait pourtant épaulée lors deux précédentes grèves générales de novembre 2010 et novembre 2011.
Les deux syndicats se sont divisés sur une réforme du code du travail, acceptée par l’UGT mais que la CGTP a catégoriquement rejetée qualifiant de “retour au féodalisme” l’assouplissement du marché du travail en matière d’horaires et de licenciements et la suppression de jours fériés et de jours de congés que le gouvernement de centre-droit veut promouvoir.
Troisième pays de la zone euro, après la Grèce et l’Irlande, à obtenir une assistance financière, le Portugal a reçu en mai 2011 de l’UE et du FMI un prêt de 78 milliards d’euros en échange d’un plan de reformes, marqué par des mesures de rigueur sans précédent.
Divers analystes doutaient toutefois que la CGTP puisse gagner le pari de la mobilisation. “Statistiquement l’adhésion aux grèves en temps de crise est réduite car les gens savent qu’elle n’aura pas d’effet”, estimait le politologue Antonio Costa Pinto.
ée, le 7 avril 2011 à Lisbonne (Photo : Patricia de Melo Moreira) |
Les analystes relevaient également que la contestation des mesures d’austerité n’a jamais eu au Portugal l’ampleur qu’elle a connu dans d’autres pays européens, en Grèce en particulier.
Le mouvement ne devait pas affecter outre mesure les transports aériens mais de nombreux services publics -écoles, hôpitaux, tribunaux, administrations, postes, bibliothèques, musées, ramassage des ordures ménagères- pouvaient être perturbés.
Les mesures d’austérité du gouvernement ont provoqué un ralentissement de l’économie portugaise qui, selon des prévisions officielles, devrait, cette année, se contracter de plus de 3% tandis que le taux de chômage devrait s’établir à 14,5%.
Ces mauvaises prévisions ont alimenté des craintes selon lesquelles le Portugal pourrait avoir besoin d’une aide supplémentaire, d’autant que les milieux financiers doutent qu’il puisse, comme il en a l’intention, revenir sur les marchés privés de la dette en septembre 2013.