La France devrait échapper à la récession mais risque une croissance molle

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Economie et des Finances, le 24 mars 2010 (Photo : Loic Venance)

[22/03/2012 15:11:32] PARIS (AFP) L’activité du secteur privé laisse présager une baisse du PIB au premier trimestre mais la France devrait éviter une récession, selon des indicateurs publiés jeudi avant des prévisions attendues dans la soirée de l’Insee sur la croissance au premier semestre 2012.

L’activité du secteur privé s’est contractée en mars en France, pour la première fois depuis quatre mois, selon une première estimation de l’indice PMI réalisé par le cabinet Markit.

L’indice “flash” est tombé à 49 points contre 50,2 points en février, repassant sous la barre des 50 points qui sépare phases de croissance et de contraction de l’activité.

“Sur l’ensemble du premier trimestre 2012, les données PMI sont pour l’instant conformes à une légère baisse trimestrielle du PIB”, a commenté Jack Kennedy, économiste chez Markit.

Pour l’institut Coe-Rexecode, “une contraction du PIB pourrait intervenir début 2012.” Mais “elle resterait temporaire”, indique-t-il, prévoyant une expansion de 0,6% du produit intérieur brut de la France en 2012 et de 1,4% en 2013.

“En France, une contraction du PIB en début d’année a peut-être eu lieu mais l’économie française évitera très probablement la récession. Les soutiens à l’activité sont à rechercher dans l’investissement des entreprises et dans le moteur extérieur”, résume-t-il.

L’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) doit rendre publiques jeudi soir ses prévisions pour le premier semestre 2012.

La croissance de 0,2% enregistrée par l’économie française au dernier trimestre 2011 par rapport aux trois mois précédents avait “surpris (…) dans un environnement européen qui confine à la récession”, rappelle Coe-Rexecode. Il l’attribue notamment à des exportations aéronautiques très élevées fin 2011, lesquelles ne se sont pas prolongées en janvier.

“Cette croissance étonnante au regard du profil dégradé de la plupart des enquêtes qualitatives, ne se poursuivrait pas en début d’année”, estime l’institut.

Risques sur le pouvoir d’achat

La Banque de France (BdF) avait maintenu le 8 mars sa prévision d’une croissance nulle de l’économie française au premier trimestre 2012.

“Soutenue par l’extérieur et par l’investissement des sociétés non financières, l’activité serait en revanche freinée par la dépense finale des ménages comme des administrations publiques”, a analysé Coe-Rexecode.

Pour cet institut, les ménages verraient en 2012 le pouvoir d’achat de leur revenu disponible brut reculer de 0,1 %, ce qui serait une première depuis 1984.

“L’Allemagne et la France semblent avoir évité de très peu une récession”, a commenté Chris Williamson, économiste en chef de Markit dans un communiqué mais pourraient connaître “une contraction” au deuxième trimestre.

L’économiste en chef pour la France de Société Générale, Michel Martinez, prévoit quant à lui une baisse de 0,1% l’activité économique au premier trimestre, suivie d’une légère progression de 0,2% au trimestre suivant et une croissance modeste de 0,5% sur toute l’année.

“Le commerce extérieur cesse d’être un poids pour l’économie française”, affirme-t-il, notant que la France “ne perd plus de parts de marché par rapport à ses partenaires de la zone euro”.

Aussi, l’investissement des entreprises “s’est relativement bien tenu en fin d’année dernière, les enquêtes montrent que les chefs d’entreprise continuent d’avoir envie d’investir pour le moment parce qu’il y a beaucoup de capacités obsolètes”, a-t-il déclaré à l’AFP.

En revanche, estime-t-il, “il ne faut pas attendre monts et merveilles” du moteur traditionnel de l’économie hexagonale, la consommation, en raison des destructions d’emplois et du tarissement des transferts publics, fiscaux ou sociaux, vers les ménages.