Plus de 600 entreprises ont adhéré à la Confédération nationale des Entreprises Citoyennes (CONECT), le nouveau patronat né après la révolution « Nous n’acceptons parmi nos membres que les entreprises de trois employés et plus et travaillant au régime réel et non au forfaitaire. Nous estimons que s’acquitter des impôts suivant le chiffre d’affaires, est un devoir et un acte citoyen » a indiqué, Tarek Chrif, Président de Conect lors de la conférence de presse organisée jeudi 22 mars 2012 pour présenter le programme de la confédération pour les prochains mois.
Il faut reconnaître que le fait que 65% du tissu entrepreneurial soit régi sous le régime forfaitaire constitue une grande injustice et un moyen pour frauder le fisc : « A Conect, nous avons posé comme condition que l’entreprise soit régie par le régime réel dans un souci de transparence et de justice fiscale. Plus encore, pour inciter les promoteurs privés à adopter le régime réel dès lors qu’ils fonctionnent en entreprises et récoltent des bénéfices »
Faire partie de la Conect, c’est « Être le partenaire entrepreneurial de référence pour un développement économique et social équitable et responsable » comme tiennent à le préciser les fondateurs de l’organisation. En témoignent d’ailleurs, les thèmes des activités programmées pour les prochains mois à commencer par la prochaine conférence internationale qui sera organisée les 27 et 28 mars prochains autour du thème « La Responsabilité sociétale des Entreprises » ou le workshop prévu pour le mois d’avril sur le « Rendement Energétique Industriel pour la création de Richesses Durables : Conquête de dividendes environnementaux, économiques et sociaux » ou encore « l’introduction à la certification du commerce équitable: un instrument pour soutenir le respect des normes du travail et des droits des femmes dans le secteur de l’artisanat en Tunisie ».
L’entrepreneur peut gagner de l’argent et prospérer tout en respectant son environnement social. « Il ne doit plus compter sur l’Etat providence mais être un acteur dans la mise en place des politiques économiques et sociales » assure Tarek Chrif qui estime que le secteur privé a un rôle à jouer dans le mécénat culturel et sportif « Je suis un grand féru du sport et de la culture et je pense qu’en tant que communauté d’affaires, il est de notre devoir de soutenir des activités se rapportant à ces secteurs. Nous ne prévoyons pas de fonds dédié Conect. Par contre, à titre individuel, je compte lancer dans les prochaines semaines avec des partenaires étrangers, un fonds consacré aux microcrédits ».
A propos de la situation économique actuelle, le président de Conect a estimé que le pays passe par une période difficile mais que c’est jouable sous certaines conditions : « Tout d’abord dynamiser l’export en dotant la Cotunace de plus de moyens pour accompagner les exportateurs et les aider à être plus compétitives. Quoi de mieux pour dynamiser l’emploi que d’encourager les exportations ? Augmenter les capitaux des banques afin qu’elles se montrent plus audacieuses dans le financement du marché économique. L’argent est le nerf de la guerre sans oublier l’importance de la flexibilité de l’emploi ».
Inciter à la consommation pour relancer l’économie
Tous les pays qui sont économiquement prospère n’hésitent pas à adopter des politiques incitant à la souplesse dans l’embauche : « Imaginez que j’ai une commande qui exigerait de moi des efforts supplémentaires pour tout juste 6 mois, dois-je l’accepter ou la refuser parce que je ne peux pas employer des travailleurs intérimaires ? Mieux, je peux vous assurer qu’aucun patron n’acceptera de licencier un ouvrier qualifié et compétent, c’est antinomique, plus nous avons de la souplesse, plus vous avez de l’emploi ».
Tarek Chrif n’hésite pas d’un autre côté, à invectiver les artisans du commerce parallèle « Nous aimerions comprendre, maintenant que ceux que nous accusions de tous les maux ne sont plus aux rênes, qui gère cette activité ? Pourquoi est ce qu’on n’applique pas la loi sur tous les produits qui ne correspondent pas à la législation tunisienne et qui ne sont pas conformes. Pourquoi est ce qu’on n’accentue pas la surveillance et le contrôle et par quel miracle toutes ces marchandises sont écoulées dans le pays au détriment de notre économie sans qu’on ne s’en rende compte ? ».
Pour relancer l’économie, il faut inciter à la consommation en accordant des prêts à ceux qui ont les moyens de rembourser mais également en sensibilisant les entreprises qui gagnent à distribuer une partie de leurs profits à leurs employés.
Les organisations patronales ont toujours une responsabilité dans l’instauration d’une nouvelle culture poussant l’entreprise à assumer et assurer son rôle dans la société « Nous ne le faisions pas, il faut le reconnaitre mais les choses ont changé et nous sommes plus décidés que jamais à participer aux efforts de développement dans notre pays. Il faudrait se concerter plus entre décideurs publics et privés pour trouver ensemble les meilleures formules qui satisfassent les uns et les autres pour faire avance notre pays. Pourquoi pas un meilleur partenariat Public/Privé ?».
Pouvons-nous parler de partenariat lorsque le gouvernement a élaboré la loi complémentaire des Finances et compte la soumettre à la constituante sans avoir prise en considération les propositions les opinions des principaux intéressés ? Les entrepreneurs ?