La France devrait échapper à la récession au 1er semestre, selon l’Insee

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à Paris le 8 mars 2011 (Photo : Dylan Calves)

[22/03/2012 21:23:18] PARIS (AFP) La France devrait continuer d’échapper à la récession début 2012, avec une croissance nulle sur les trois premiers mois suivie d’une timide progression d’avril à juin, selon les prévisions revues à la hausse publiées jeudi soir par l’Institut national de la statistique.

“Pour la France, nous prévoyons une stabilité de l’activité au premier trimestre, zéro pour cent de croissance, et ensuite une reprise lente de 0,2% au deuxième trimestre”, a déclaré à la presse Sandrine Duchêne, chef du département de la conjoncture de l’Insee.

En décembre, l’Insee avait prévu une brève récession avec des contractions de l’activité économique au dernier trimestre 2011 et au premier trimestre 2012, avant de constater une croissance de 0,2% sur octobre-décembre de l’an passé.

“Nous avons eu un choc sur la zone euro à l’été 2011 dont nous sommes en train de sortir” et “le rétablissement est lent”, a constaté Mme Duchêne en présentant la note de conjoncture de l’Insee de mars.

Mais le produit intérieur brut (PIB) “retrouverait son niveau d’avant crise à l’horizon de la prévision”, c’est-à-dire fin juin, a déclaré au cours d’une conférence de presse un analyste de l’Insee, Dorian Roucher.

L’institut a d’ailleurs revu nettement à la hausse sa prévision de l’acquis de croissance pour 2012 qui serait atteint en milieu d’année: de 0,0% pronostiqué en décembre, celui-ci passerait à 0,5%. Ce chiffre représente la croissance de cette année si le PIB des deux derniers trimestres restait le même que celui du deuxième trimestre.

Mme Duchêne explique cette révision par la croissance meilleure que prévu du dernier trimestre 2011 et la révision à la hausse de ses prévisions pour le premier semestre.

Pour elle, “le point central” des estimations allant jusqu’au milieu de l’année est la consommation des ménages, ce moteur traditionnel de la croissance en France, qui “reste faible”.

Les raisons de cette faiblesse sont “une baisse de 0,3% du pouvoir d’achat au premier semestre”, due au chômage avec une perte de 49.000 emplois prévue dans le secteur marchand, la hausse du prix du pétrole et l’effet des mesures de consolidation budgétaire, note la responsable. L’Insee prévoit une inflation de 2,2% fin juin en glissement annuel.

“Soutenue par l’extérieur et par l’investissement des sociétés non financières, l’activité serait en revanche freinée par la dépense finale des ménages comme des administrations publiques”, a analysé récemment l’institut Coe-Rexecode qui prévoit une croissance de 0,6% en 2012 et de 1,4% en 2013.

“Le commerce extérieur cesse d’être un poids pour l’économie française”, a renchéri de son côté l’économiste en chef pour la France de Société Générale, Michel Martinez, notant que la France “ne perd(ait) plus de parts de marché par rapport à ses partenaires de la zone euro”.

De plus, l’investissement des entreprises “s’est relativement bien tenu en fin d’année dernière; les enquêtes montrent que les chefs d’entreprise continuent d’avoir envie d’investir pour le moment parce qu’il y a beaucoup de capacités obsolètes”, a-t-il déclaré à l’AFP.

En revanche, sous l’effet des engagement de réduction de ses déficits pris par la France, un tournant s’opère selon lui dans la consommation.

“On a souvent loué le moteur de la consommation français, l’exemple, le paradoxe français d’une bonne consommation (…) Mais il faut être clair: depuis dix ans, plusieurs dixièmes de point de croissance de la consommation, 0,3 point par an selon nos estimations, provenaient du fait que l’Etat au sens large, protection sociale comprise, faisait des transferts aux ménages”.

“Or aujourd’hui, on est dans la mécanique inverse avec la nécessité de réduire les déficits et des hausses d’impôts quel que soit le candidat” à la présidentielle, a-t-il affirmé.