écran (Photo : Daniel Mihailescu) |
[23/03/2012 16:43:38] SAN FRANCISCO (AFP) La popularité croissante des applications, notamment sur les appareils portables, risque de rendre la navigation sur internet moins ouverte et plus compartimentée, estiment des experts interrogés par le centre de recherches Pew Research Center.
Selon une enquête menée auprès de 1.021 experts, 35% d’entre eux ont le sentiment qu'”en 2020, la plupart des gens préfèreront utiliser des applications accessibles via des connexions internet pour réaliser la plus grande partie de leur travail, jeux, communications et créations de contenus”, et que dominera l’opinion selon laquelle “le ‘world wide web’ est moins important ou utile que par le passé, et que les applications sont le facteur dominant dans la vie des gens”.
A l’inverse, 59% des experts estiment qu’à cet horizon, “le ‘world wide web’ sera plus solide que jamais dans la vie des gens et l’opinon largement répandue sera que, comparé aux applications, le web est plus important et utile, et qu’il est le facteur dominant dans la vie des gens”.
Reste que plusieurs experts s’inquiètent déjà.
“Au lieu d’avoir des ‘couch potatoes’ (abrutis de télé) on aura des ‘app potatoes'”, a fait valoir un responsable de l’Union européenne de radio-télévision, Giacomo Mazzone, cité dans cette enquête publiée vendredi.
“Il y aura de nouveau un fossé numérique, entre ceux qui préfèrent les applications toutes faites et ceux qui font des recherches tout seuls pour trouver les solutions qu’il leur faut”, selon M. Mazzone.
Globalement, résument les chercheurs de l’institut Pew au terme de leur enquête, “les experts du secteur des technologies croient généralement que la révolution du mobile, la popularité des applications ciblées, la monétisation des produits et services en ligne, et les innovations dans l’informatique externalisée (cloud computing) mèneront l’évolution d’internet”.
“Certaines personnes interrogées pensent qu’on y gagnera d’un certain côté, mais qu’on aurait peut-être encore plus à perdre si on assiste à l’+applification+ du web”.
“La capacité des applications à répondre à des besoins spécifiques est une épée à double tranchant: elles simplifient la vie, mais elles créent des enclos, et retirent de l’aléas”, a fait valoir un capital-risqueur, Richard Titus, cité dans l’enquête.
Or pour lui, “le web c’est la découverte et l’aléas, c’est trouver ce qu’on ne cherchait pas”. Une domination de la navigation via les applications remet en cause ce modèle. Or, selon lui, “perdre cela serait reculer dans notre progrès en tant qu’êtres intellectuels, ce serait l’équivalent de brûler un livre numérique”.
Certains relativisent ce risque: “les bulles closes créées par les marchés d’applications, Facebook et d’autres espaces privés fleuriront puis s’effaceront bientôt, et les gens continueront à se retrouver dans des espaces ouverts”, estime ainsi Jerry Michalski, consultant à l'”Institut pour l’avenir” (Institute for the future), un organisme de recherche à but non lucratif basé au coeur de la Silicon Valley.