Avec l’ouverture, les graines de l’espoir de l’agriculture birmane

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ère, le 20 février 2012 à Bago au nord-est de Rangoun (Photo : Str)

[25/03/2012 16:56:29] BAGO (Birmanie) (AFP) Longtemps considérée comme le grenier à riz d’Asie du Sud-Est, la Birmanie a vu sa production s’effondrer au cours de 50 ans de régime militaire. Mais avec l’ouverture politique, l’espoir renaît qu’elle puisse de nouveau redevenir un acteur qui compte.

Alors que la monnaie, le secteur bancaire, le système légal traversent tous une phase de restructuration aussi intense qu’accélérée, à l’instar d’un modèle économique entièrement à réinventer, l’agriculture birmane suscite de nouveau de fortes attentes.

Avec, comme référence, la grandeur de l’époque coloniale.

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évrier 2012 à Bago, au nord-est de Rangoun (Photo : Str)

“La Birmanie était le premier exportateur mondial de riz il y a 60 ans. Ils exportaient environ 5 millions de tonnes chaque année, mais les chiffres ont décliné”, souligne Hiroyuki Konuma, directeur-général adjoint pour la région de l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO).

L’an passé, les exportations n’ont pas dépassé les 700.000 tonnes.

Mais un certain optimisme est redevenu possible depuis une série sans précédent de réformes entamées en mars 2011, suite à la dissolution de la junte et l’avènement d’un gouvernement dirigé par des officiers en retraite.

“Nous avons beaucoup d’espoirs que la Birmanie puisse accéder aux fertilisants et autres produits agricoles et que peut-être les sanctions économiques seront levées, ce qui l’aidera à acquérir ce dont elle a besoin pour augmenter les exportations”, ajoute le cadre de la FAO.

Mais le changement sera lent dans les rizières, où les paysans s’épuisent de l’aube jusqu’au crépuscule, le plus souvent sans aide mécanique.

“Je suis vieux mais je dois travailler 16 heures par jour pour payer mes dettes”, explique Ohn Thaung, 75 ans, les pieds dans sa rizière du district de Bago, au Nord-Est de Rangoun.

Il partage une hutte avec cinq enfants, 15 petits-enfants et deux buffles, et a emprunté 200.000 kyats (300 USD) à une coopérative d’Etat pour planter ses 28 hectares cette saison, auxquels se sont ajoutés diverses taxes et autres “permis”.

“Ma famille est entourée de riz qu’elle ne peut manger parce qu’il faut le récolter et le vendre”, explique le vieil homme, le visage crevassé par le soleil, désespéré de constater que ses enfants ont aussi sombré dans le cercle vicieux de l’endettement.

Zaw Moe, lui, n’a que 34 ans. Mais il s’estime piégé de la même manière dans une activité sans avenir. “Je n’en sortirai pas, c’est la simple vérité”, dit-il.

Père de deux enfants petits, avec un troisième en route, il place tous ses espoirs dans les réformes du nouveau gouvernement. En attendant, “chaque jour dans la rizière est une lutte pour la vie”.

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évrier 2012 à Bago, près de Rangoun (Photo : Str)

Les analystes insistent sur l’immense défi que représentera le développement des zones rurales, sachant qu’un tiers des quelque 60 millions de Birmans vivent en dessous du seuil de pauvreté. Mais au moins le pays peut-il compter sur des conditions naturelles exceptionnelles.

“Voilà un pays avec énormément de ressources en eau, avec le sol le plus fertile qui soit, un pays qui était le bol de riz non seulement de l’Asie mais aussi de l’empire britannique”, souligne l’analyste économique Sean Turnell, de l’université Macquarie de Sydney.

“Il se retrouve aujourd’hui avec une agriculture négligée depuis 50 ans, extraordinairement improductive. Mais évidemment, sur cette base, on peut obtenir une croissance toute aussi extraordinaire”.

Au début du XXe siècle, relève-t-il, la Birmanie avait su devenir un exportateur majeur en l’espace de vingt ans, grâce aux investissements britanniques et indiens. Cent ans plus tard, les besoins sont de nouveau énormes, mais le monde entier s’intéresse à ce marché.

“Je ne vois pas pourquoi cela ne pourrait pas se reproduire”, assure le chercheur.