Réseaux fibre optique : un rapport suggère la contribution des géants du net

photo_1332853128877-1-1.jpg
Fibre optiqUE (Photo : Bertrand Langlois)

[27/03/2012 12:59:36] PARIS (AFP) Si la France peine à prendre le tournant de la fibre optique avec très peu d’abonnés, le modèle économique appliqué pour déployer cette technologie est adéquat mais doit être abondé par de nouveaux revenus, issus par exemple des géants du net, selon un rapport publié mardi.

Cette étude a été élaborée par l’Institut de l’audiovisuel et des télécoms en Europe (Idate), référence pour le secteur, à la demande du Centre d’analyse stratégique, une institution d’expertise placée auprès du Premier ministre qui en a tiré sept propositions.

Fin 2011, la France ne comptait que 655.000 abonnés au très haut débit via la fibre optique, alors qu’un total de 5,9 millions de foyers sont raccordables.

Ce taux de pénétration “très médiocre” s’explique en partie par la bonne qualité du réseau de cuivre (ADSL) utilisée pour se connecter à internet par la majorité des Français, qui ressentent peu le besoin de basculer vers le très haut débit, souligne l’Idate.

Prenant en exemple des pays – Corée du sud, Japon, Suède – où le niveau de couverture réseau et le nombre d’abonnés sont particulièrement élevés, le rapport estime qu’aucun d’entre eux ne peut être cependant “considéré comme un modèle, tant les facteurs constitutifs de leur performance sont spécifiques”.

Etant donné les différences de ces pays avec la France en termes de degré d’urbanisation, de prédominance de l’habitat collectif ou encore d’intensité de la concurrence, “il n’existe pas d’arguments permettant de conclure que le recours à d’autres mécanismes économiques aurait pu conduire, à ce stade, à un déploiement plus rapide”, affirme l’Idate.

Elle juge ainsi “plus efficace de recommander une certaine stabilité du cadre arrêté” pour déployer la fibre optique, mais soulève aussi la nécessité de trouver de nouveaux revenus pour financer la construction des réseaux, “en imposant une tarification aux fournisseurs de contenus”, tels Google ou Facebook.

Objectif 100% de population raccordée en 2025

“Si les opérateurs de télécommunications construisent des réseaux très haut débit, c’est avant tout pour internet, et ils veulent aussi être capables de monétiser le trafic qui passera par ces réseaux. Et en la matière, ce sont les grands acteurs de l’internet qui tirent pour l’instant les marrons du feu”, a souligné Yves Gassot, directeur général de l’Idate, lors d’un point presse.

L’objectif de l’Etat est de raccorder 70% de la population dès 2020, puis 100% en 2025, et une enveloppe de deux milliards d’euros a été allouée à ce déploiement, dont 900 millions destinés aux seules collectivités.

“Ce sont des montants significatifs mais les besoins sont très supérieurs, de l’ordre de 20 à 30 milliards d’euros”, selon les évaluations pour raccorder l’ensemble de la population, a renchéri Vincent Chriqui, directeur général du Centre d’analyse stratégique (CAS).

“Il faut renforcer cette enveloppe, les acteurs du numérique doivent être mis à contribution, sous une forme qui reste à définir”, a-t-il ajouté.

“L’essentiel de ces (nouvelles) ressources ne peut avoir pour origine que les acteurs de l’internet eux-mêmes, opérateurs, fournisseurs de contenus, équipementiers, etc.”, souligne le CAS dans ses propositions.

Il y a dix jours, Nicolas Sarkozy a annoncé qu’il voulait imposer “les géants du net” en France, insistant sur le fait qu’ils devraient au-delà de leur contribution au financement de la création et des réseaux, acquitter un impôt représentatif de leurs activités dans notre pays”.

Parallèlement, dans ses propositions, le Centre d’analyse stratégique veut aussi que soit “assuré un suivi attentif de la réalité du déploiement en fibre optique et des engagements pris par les opérateurs, et définir, au besoin, de nouvelles mesures de régulation, y compris locales”.