L’écho du tsunami politique déclenché par la chute du régime Ben Ali en Tunisie raisonne encore aux quatre coins du monde. Y compris à Washington, à la fois au sein de l’administration Obama –qui est en train de revoir certaines de ses conceptions et méthodes d’action pour s’adapter à la nouvelle situation- et à la Banque mondiale qui est en train d’en faire de même.
Au lendemain du 14 janvier 2011, le premier souci de la banque a été d’agir pour venir en aide aux nouveaux gouvernants. Ainsi, à la demande des autorités intérimaires, elle a accordé à la Tunisie un crédit de 500 millions de dollars pour l’aider à atténuer l’impact économique du soulèvement, et «jeter les bases pour une société plus dynamique, inclusive et ouverte», «soutenir les mesures visant à relancer l’économie, améliorer le sort des chômeurs, des plus pauvres et des groupes les plus vulnérables». C’est également grâce à un appui financier de la Banque mondiale que la Tunisie a pu faire face aux conséquences du conflit en Libye et notamment réinsérer les 40.000 expatriés tunisiens rentrés de ce pays.
La Banque mondiale a en outre «mobilisé une expertise globale et augmenté significativement l’assistance technique afin d’appuyer la conception et la mise en œuvre du programme de réforme de l’autorité intérimaire».
Mais parallèlement à l’action, l’institution bancaire multilatérale a engagé une réflexion sur la manière d’appréhender la nouvelle situation dans les pays du Printemps arabe et y adapter ses outils et ses modes d’intervention. Pour ce faire, elle a multiplié les initiatives au cours des derniers mois en direction et dans ces pays, mais également au sujet de ce phénomène. Et c’est dans ce cadre que s’insère la création d’un comité de réflexion stratégique destiné à aider la Banque mondiale à formuler une stratégie en direction des pays arabes ayant fait leur révolution (Tunisie, Egypte et Libye).
Ce nouvel organe regroupera une trentaine de personnalités triées sur le volet venant principalement de pays de la région, mais d’horizons divers. Ainsi, on trouvera parmi eux Mustapha Terrab, directeur général de l’Office chérifien des Phosphates (OCP), et Ahmed El Midaoui , premier président de la Cour des Comptes), pour le Maroc, Elyès Jouini, vice-président de l’Université Paris Dauphine serait l’un des représentants de la Tunisie –feu Abdelfattah Amor, président de la Commission d’enquête sur les affaires de corruption, devait en faire partie-, Kemel Dervis, vice-président et directeur du Global Economy and Development program de la Brookings Institution et ancien expert à la Banque mondiale, pour la Turquie, ainsi que la journaliste Rula Khalaf (Jordanie), et l’avocate iranienne et Prix Nobel de la Paix 2003, Shirin Ebadi.
Les membres de cet aréopage –qui tiendra sa première réunion à Washington le 30 mars 2012- apporteront, sous la houlette de Mme Inger Andersen, pour la Turquie, vice-présidente de la Banque mondiale pour la Région Moyen-Orient et Afrique du Nord, leur expérience à cette institution pour l’aider à mieux comprendre la région et, partant, à mieux répondre à ses besoins dans les différents domaines.