écran du Centre Nelson Mandela du souvenir, à Johannesburg, en Afrique du Sud, le 27 mars 2012 (Photo : Alexander Joe) |
[27/03/2012 16:22:58] JOHANNESBURG (AFP) Deux mille documents autographes, photos et vidéos tirés des archives personnelles de Nelson Mandela ont été mis en ligne mardi, offrant au monde entier une connaissance plus intime du premier président noir d’Afrique du Sud.
Grâce au projet présenté par le Centre Nelson Mandela du souvenir et le géant américain Google, tous ces documents numérisés sont désormais consultables dans une collection en ligne divisée en sept sections.
“Partout, gratuitement et par tout le monde”, a souligné Verne Harris du Centre de la Mémoire, lors d’une conférence de presse.
Le plus vieux document est la carte de membre de Mandela de l’église méthodiste datant en 1929, remontant à la période de son enfance. (Il est né en 1918).
Mais l’on peut aussi consulter des notes manuscrites datant des pourparlers menés à la fin de l’apartheid il y a une vingtaine d’années. Les documents les plus récents sont des photos prises l’an dernier, dont l’une avec son dernier arrière-petit-fils Qheya II Zanethemba Mandela.
Ces archives sont actuellement abritées à Johannesburg, soigneusement répertoriées mais rarement accessibles au public.
“Nous sommes propriétaires du contenu”, a souligné M. Harris. “C’est nous, et non pas Google, qui avons déterminé le contenu sélectionné et sa présentation”.
En 2011, Google avait versé au Centre 1,25 million de dollars pour faciliter le projet et apporté une assistance technique.
Nelson Mandela, 93 ans, n’a pas été consulté pour le projet en raison de sa santé fragile. “Nous évitons de le déranger ces jours-ci”, a précisé M. Harris.
Lui-même n’a jamais utilisé d’ordinateur. Il a en revanche toujours apporté un soin particulier à garder des traces écrites de l’histoire de sa famille.
Il raconte aussi dans son autobiographie combien ses photos de famille lui ont été précieuses pour tenir pendant ses 27 années d’emprisonnement. Généreux, il les prêtaient à d’autres prisonniers, en mal de liens avec l’extérieur.
à Johannesburg le 27 mars 2012 (Photo : Alexander Joe) |
Chacun pourra désormais feuilleter depuis son ordinateur les calendriers annotés par Nelson dans sa prison de Robben Island, admirer ses photos de jeune homme, ou regarder des vidéos de sommités telles que Desmond Tutu ou de citoyens ordinaires évoquant leurs rencontres avec Mandela.
Les archives éclairent aussi la face privée et sentimentale d’un homme, davantage connu pour ses engagements politiques.
Sur un calendrier de l’année 1980, illustré avec une photo de biche dans un bois, il note l’apparition en rêve de sa femme d’alors, Winnie, et des deux filles qu’il a eues avec elle, Zeni et Zindzi. “Zeni a environ deux ans, Zindzi me demande de l’embrasser et me fait remarquer que je n’ai pas assez chaud. Zeni me demande aussi de faire pareil”, peut-on lire sous la main de celui qui n’était alors autorisé qu’à de très rares et brèves visites surveillées au parloir.
Condamné par le régime raciste d’apartheid, Prix Nobel de la paix en 1993, Mandela a été élu l’année suivante président lors du premier scrutin où les Sud-Africains noirs ont eu le droit de vote. Il s’est retiré en 1999 après un unique mandat.
Sa dernière apparition en public remonte à la finale de la Coupe du monde de football, à Johannesburg, en juillet 2010.
En février, il a été brièvement hospitalisé pour des douleurs abdominales avant de rentrer chez lui après des examens approfondis qui n’ont rien décelé de grave.
Mardi, sa petite-fille Ndileka Mandela s’est voulue rassurante, indiquant à la presse que Mandela “allait bien, pour un homme de son âge”.