Total lance un plan d’urgence après une importante fuite de gaz en mer du Nord

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ée de son siège à la Défense, près de Paris (Photo : Fred Dufour)

[27/03/2012 16:38:54] LONDRES (AFP) Le géant pétrolier français Total luttait mardi contre une importante fuite de gaz sur une de ses plateformes en mer du Nord, qui a entraîné la mise en place d’une zone d’exclusion maritime et aérienne et l’évacuation par précaution de plus de 300 personnes.

La fuite sur la plateforme du gisement d’Elgin, à environ 240 km au large de la ville écossaise d’Aberdeen, représente d’ores et déjà “le plus gros incident pour Total en mer du Nord depuis au moins dix ans”, a indiqué à l’AFP un porte-parole de la compagnie, Brian O’Neill.

Déclenchant un plan d’urgence, le groupe a fait appel à des experts venus de France et à “d’autres spécialistes” pour tenter de circonscrire la fuite, détectée dimanche.

Mais un de ses représentants a estimé qu’il faudrait peut-être compter jusqu’à six mois pour en venir à bout. La compagnie a reconnu dans un communiqué en fin d’après-midi que la fuite “persistait”.

La perspective d’un incident majeur a fait chuter le titre à la Bourse de Paris qui perdait 5,96% à 38,56 euros à la clôture, dans un marché en recul de 0,92%.

Une zone d’exclusion maritime de 2 milles (3,7 km) a été mise en place autour de la plateforme tandis que les avions et hélicoptères ont été interdits de survol.

“La zone d’exclusion permet aux équipes qui interviennent sur la fuite de travailler en toute sécurité”, a expliqué une porte-parole des garde-côtes.

La fuite a entraîné un nuage de gaz sur la zone, qui peut présenter des risques d’inflammation et de toxicité, a expliqué Simon Boxall, océanographe à l’université de Southampton, interviewé par la BBC.

Selon les estimations de Total, 23 tonnes de gaz s’étaient échappées mardi matin de la plate-forme en 48 heures.

Jake Molloy, un responsable du RMT, le syndicat représentant les employés du secteur, a estimé que les conséquences de la fuite pouvaient être “catastrophiques” si elle n’était pas rapidement colmatée.

Total a évacué les 238 personnes à bord de sa plate-forme dès la nuit de dimanche à lundi, et coupé l’alimentation en électricité afin de limiter les risques d’explosion.

La compagnie anglo-néerlandaise Shell a évacué de son côté 85 employés se trouvant sur deux de ses installations, une plateforme et un puits, situées à quelques km de là.

Lors de la fuite dimanche, du liquide s’est d’abord échappé avant le gaz, a expliqué Total, entraînant la formation d’une nappe fine d’hydrocarbure d’environ 12 km2.

Selon le porte-parole, il s’agit d’un condensat léger, qui devrait spontanément s’évaporer de la surface de l’eau. Un avion capable d’arroser la zone de dispersants est prêt à intervenir mais “nous ne devrions pas en avoir besoin”, a-t-il estimé.

Interrogé sur la création d’un puits d’intervention, destiné à soulager la pression sur le puits principal, le porte-parole a répondu qu’il s’agissait “d’une possibilité” mais qui “prend beaucoup de temps”.

“Un puits d’intervention prend au minimum six mois”, a expliqué sur la BBC David Hainsworth, responsable sécurité et environnement chez Total au Royaume-Uni.

“Les premières indications montrent qu’il n’y pas d’impact significatif sur l’environnement”, a assuré le groupe dans son communiqué publié en fin d’après-midi.

Mais l’organisation des Amis de la terre s’est alarmée du délai de six mois évoqué par Total pour venir à bout du problème, estimant qu’il “est temps que le Royaume-Uni se tourne vers des énergies propres comme le vent, le soleil et la mer”.

La dernière catastrophe majeure en mer du Nord remonte à 1988, avec l’explosion de la plate-forme gazière Piper Alpha, opérée par Occidental Petroleum, qui avait fait 167 morts.

Les défenseurs de l’environnement estiment insuffisant le renforcement des normes de sécurité décidé par le gouvernement britannique en mer du Nord après l’explosion en 2010 de la plateforme Deepwater Horizon, opérée dans le golfe du Mexique par le groupe britannique BP.