Une torchère brûle toujours sur la plateforme Total évacuée en mer du Nord

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ée de son siège à la Défense, près de Paris (Photo : Fred Dufour)

[28/03/2012 08:59:13] LONDRES (AFP) Une torchère brûlait toujours sur une plateforme de Total en mer du Nord évacuée en raison d’une fuite de gaz qui perdure depuis dimanche, a reconnu mercredi le groupe pétrolier français, tandis que des experts s’interrogeaient sur d’éventuels risques d’explosion.

“La torchère brûle, comme c’est normalement le cas sur une plateforme”, a déclaré à l’AFP un porte-parole de la compagnie, Brian O’Neill, sans donner plus de détails.

Cependant le directeur de la santé, la sécurité et l’environnement chez Total, David Hainsworth, a reconnu mardi qu’un risque d’explosion existait.

“Le gaz est inflammable, mais l’alimentation électrique a été coupée sur la plateforme pour minimiser le risque d’étincelle, mais il est évident qu’il y a un risque. Nous avons exclu une série de risques mais il y a toujours une possibilité. Elle est faible, mais on ne dit pas jamais”, a-t-il ajouté sur la BBC.

Cependant “le vent pousse le panache de gaz dans une direction opposée à celle de la torchère”, a-t-il poursuivi. “Selon les prévisions météorologiques, le vent va souffler dans la même direction pendant cinq à six jours et nous étudions les différentes options pour éteindre la torche”, a-t-il dit.

Martin Preston, spécialiste des pollutions marines à l’université de Liverpool (ouest de l’Angleterre), s’est dit mercredi “surpris” par le fait que la torchère brûle toujours.

“Avec une bouteille de gaz de camping, quand vous la fermez, la flamme continue à brûler pendant un petit moment puis s’éteint, et on s’attendait à la même chose ici”, a-t-il ajouté sur la radio BBC.

Interrogé sur d’éventuels risques d’explosion, il a estimé que cela était “très difficile à prédire”. “La torchère est évidemment au-dessus de la plateforme et le gaz s’échappe au niveau des piliers (de la plateforme), donc il y a une séparation physique (entre la flamme et le gaz). La concentration de gaz doit être assez basse pour qu’il n’explose pas”, a-t-il précisé, ajoutant qu’un changement des vents pourrait faire remonter le gaz et l’enflammer.

“Cela signifie évidemment que personne ne peut s’approcher de la plateforme pour y travailler jusqu’à ce que la torchère soit éteinte”, a-t-il encore dit.

“Nous avons affaire à une substance très toxique et inflammable. (…) La question doit être abordée avec énormément de prudence”, a estimé de son côté Simon Boxall, océanographe à l’université de Southampton (sud), en soulignant le risque d’explosion sur la BBC.

Total a reconnu qu’il s’agissait du “plus gros incident” pour le groupe “en mer du Nord depuis au moins dix ans”.

Cette fuite sur la plateforme Elgin, à environ 240 kilomètres au large de la ville écossaise d’Aberdeen, a entraîné la mise en place d’une zone d’exclusion maritime et aérienne et l’évacuation par précaution de plus de 300 personnes. L’alimentation a été coupée sur la plateforme, l’un des deux principaux gisements gaziers exploités par le groupe français Total en mer du Nord britannique.

Dans son dernier communiqué mardi soir, Total précisait que “la fuite se poursuivait”.

Deux vols de reconnaissance ont eu lieu mardi, et deux autres doivent être conduits ce mercredi. “Tous nos efforts sont concentrés pour stopper la fuite de gaz”, a assuré Total.