La phase pilote du projet MED-TEST (Mediterranean Transfert of Environmental Sound Technologies) a été clôturée, ce 28 mars 2012, au cours d’un séminaire organisé par le Centre Technique du Textile (CETTEX), le Centre Technique de l’Agroalimentaire (CTAA) et le Centre National du Cuir et de la Chaussure (CNCC) avec le concours de l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI).
A rappeler que ce projet, lancé depuis juin 2009, est une initiative de l’ONUDI, dans le cadre du programme de partenariat stratégique pour l’écosystème marin méditerranéen. L’objectif est d’améliorer la compétitivité de l’entreprise industrielle en matière de technologie écologiquement rationnelle et de production propre. Cet objectif se traduira par une réduction significative de la consommation des principaux intrants (eau, énergie, produits chimiques), une minimisation des déchets, une optimisation des procédés et une meilleure maîtrise des coûts d’exploitation.
Ecart…
Le projet a concerné une quinzaine d’entreprises tunisiennes, dont 6 relevant du secteur textile-habillement, 6 dans l’agroalimentaire et 3 dans le cuir et chaussures. «Le choix de ces trois secteurs n’était pas arbitraire», selon Mohamed Lamine Chakhari, ministre de l’Industrie et du Commerce, puisqu’«ils figurent parmi les secteurs prioritaires dans l’économie nationale et assurent à eux seuls près de 44% des exportations des secteurs manufacturiers».
La phase d’évaluation a démontré un écart consistant entre la performance industrielle et les meilleures pratiques sectorielles au niveau international, ce qui indique, selon l’ONUDI, un potentiel élevé d’utilisation efficace des ressources de la part de l’industrie tunisienne. L’introduction des meilleures pratiques permettrait de réduire cet écart par l’adoption de plans d’action et de programmes d’investissement pour chacun des entreprises concernées.
Pour un investissement global d’environ 6 millions de dinars, les gains s’élèvent à près de 2 millions de dinars. Les entreprises ont bénéficié de lignes de crédit françaises et italiennes mais aussi de fonds de financement tels que le FODEP (Fonds de Dépollution). «L’avantage du projet est qu’il permet à l’entreprise d’avoir une vision globale non seulement pour gérer les aspects environnementaux mais aussi au niveau de l’ergonomie du travail et de la gestion efficace», estime Rachid Nafti, coordinateur national du projet.
On souligne que les entreprises ont bénéficié d’une assistance technique pour l’application de quatre instruments d l’approche intégrée Med Test, à savoir la production plus propre, le système de management environnemental, la comptabilité analytique environnementale et la technologie propre.
Avantage concurrentiel…
D’ailleurs, M. Chakhari a expliqué que l’approche de l’industrie verte, promue par le projet Med Test, permet de compresser les coûts environnementaux, économiser et optimiser la consommation de l’énergie, de l’eau, des matières premières et des produits chimiques, diminuer l’impact des risques environnementaux et disposer d’un avantage concurrentiel. Mais disons que les entreprises tunisiennes y voient toujours une charge supplémentaire, négligeant qu’elle permet d’améliorer la valeur ajoutée et augmenter la rentabilité.
« Vous aurez dû remarquer que certaines entreprises ont investi lourdement dans le projet Med Test plus que d’autres, c’est parce qu’elle nécessitait toute une transformation de leurs outils de travail pour améliorer l’efficacité de leur production. Il est important à signaler que le projet a concerné trois axes, à commencer par la méthode de travail, les équipements et enfin la technologie. L’objectif est de réduire la pollution à la source. Nous avons expliqué aux entreprises que c’est un projet de technologie propre. Un projet environnemental n’est pas seulement coûteux mais il génère un résultat économique considérable», a précisé M. Nafti.
Engagement vert…
D’un autre côté, le ministre a affirmé que l’engagement vert des entreprises présente des enjeux économiques, réglementaires et commerciaux. Ce qui a incité à l’élaboration d’une approche intégrée pour un développement industriel durable. Il s’agit, en premier, de lancer un programme de mise à niveau environnementale ayant pour objectif de réduire les coûts de production, d’améliorer les conditions de santé et de sécurité de travail et de s’approprier les outils de management environnemental et la formation de réseau d’experts. «Nous espérons qu’il sera lancé cette année», lance M. Chakhari.
Il s’agit aussi de mettre en place un cadre juridique pour la préservation de l’environnement, une démarche dont l’application parait difficile, et dépend de la réceptivité et la volonté des entreprises. Un cadre institutionnel a été déjà mis en place par la création de plusieurs organismes pour le contrôle du respect de la réglementation environnementale et l’accompagnement des entreprises. Mais le ministre paraît sceptique. «Espérons que ce cadre joue son rôle efficace et transparent», affirme-t-il.
On indique également que l’approche gouvernementale englobe une offre d’appui financier à la mise en place d’un système de management environnemental aux investisseurs en métrologie et équipements ainsi qu’au changement de technologie et substitution des matières premières. Ajoutons à cela la sensibilisation des entreprises et l’exigence des études d’impact sur l’environnement dans les plans d’action de mise à niveau industriel.
Stratégie de réplication…
Selon M. Nafti, la prochaine phase du projet Med Test consistera à évaluer les résultats de la phase pilote et d’analyser le marché pour les opportunités de promotion et d’introduction de l’approche Test dans l’industrie. Le projet se poursuivra dans le cadre d’un programme de transition pour la période 2012-2015. La stratégie de réplication sera formulée par une approche marketing ciblée pour les entreprises, le renforcement des compétences dans l’application de l’approche intégrée, l’intégration des actions de formation et d’assistance.
Les modalités de financement englobent la contribution de l’ONUDI pour l’année 2012 ainsi que les entreprises et les subventions. Le plan d’action pour la période 2012-2015 concernera 36 entreprises, dont 13 dans le textile et habillement, 13 dans l’agroalimentaire et 10 dans le cuir et chaussures, en attendant d’ouvrir le programme pour les autres secteurs. Reste que le grand challenge est de changer la perception des entreprises à l’égard de l’approche environnementale.
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