à Bruxelles le 22 novembre 2012 (Photo : Thierry Charlier) |
[30/03/2012 14:49:41] BRUXELLES (AFP) L’UE a paraphé vendredi un important accord d’association avec l’Ukraine après plusieurs mois de brouille, un geste destiné à éviter que Kiev ne se tourne trop vers Moscou même si le réchauffement concret des relations reste conditionné au sort de l’opposante Ioulia Timochenko.
Pour le vice-ministre ukrainien des Affaires étrangères Pavlo Klimkine, cet accord et son très ambitieux volet commercial constituent “un cadre unique pour des réformes supplémentaires en Ukraine, et une boîte à outils unique pour rapprocher l’Ukraine de l’UE”.
à Bruxelles le 13 septembre 2010 (Photo : John Thys) |
A Bruxelles, M. Klimkine a apposé ses initiales au bas de quelque 160 des 1.700 pages de l’accord, en compagnie d’un haut responsable du service diplomatique européen, Miroslav Lacjak. Une étape “purement technique”, selon des diplomates européens, qui ne signifie pas encore que l’UE soit soit prête à signer officiellement l’accord.
Cette signature risque de ne pas intervenir avant plusieurs mois, et probablement pas avant les élections législatives ukrainiennes d’octobre, l’Union européenne s’inquiétant notamment du sort de l’opposante Ioulia Timochenko et du respect des principes démocratiques à Kiev.
La condamnation en octobre de l’ancienne Première ministre pour abus de pouvoir –dénoncée par cette dernière comme une vengeance personnelle du président Victor Ianoukovitch– a provoqué la colère de l’UE qui l’a jugée politique. Elle avait alors annulé une visite du président ukrainien à Bruxelles.
L’UE a réclamé la remise en liberté de l’opposante ukrainienne, avec la possibilité pour elle de participer aux prochaines législatives.
“Concernant Mme Timochenko, c’est aussi respecter l’Etat de droit que de respecter une décision de justice”, a rétorqué vendredi M. Klimkine.
Lors des négociations qui duraient depuis 2007, Kiev avait aussi à coeur de se faire accorder par l’UE la “perspective” de rejoindre le bloc un jour, à l’instar de ce qu’avait obtenu la Pologne quand elle avait conclu un accord similaire dans les années 1990.
Dans le préambule de l’accord, l’UE se contente de “reconnaître l’aspiration européenne” de l’Ukraine, de “saluer son choix européen”, tout en faisant une référence à son “identité européenne”, selon des sources diplomatiques ukrainiennes.
Mais pour M. Klimkine, l’accord dans son ensemble, par sa portée même, va bien au-delà de ces formulations prudentes. “Si nous n’avons pas à l’esprit cette perspective européenne pour l’Ukraine, nous n’avons simplement pas besoin d’un accord si ambitieux et si unique”.
En acceptant désormais de parapher le texte –ce que les Ukrainiens auraient déjà souhaité faire en décembre en marge du dernier sommet avec l’UE à Kiev– “il s’agit de maintenir le pays sur sa lancée pro-européenne par un signe de bonne volonté”, explique un diplomate européen.
C’est aussi “un signal au monde extérieur que l’accord est scellé et ne bougera plus”, précise-t-il dans une allusion transparente à la Russie, qui propose de longue date à l’Ukraine de rejoindre sa zone de libre échange.
Une fois que les 27 auront donné leur aval unanime à la signature, le texte sera soumis à ratification. Le feu vert du parlement européen et du parlement ukrainien permettrait l’entrée en vigueur des volets commerciaux, sans attendre la ratification du texte par les parlements nationaux de l’UE.
Le volet commercial a pour objectif d’établir une zone de libre échange “profonde et complète”.
Elle couvrira tous les domaines d’échanges bilatéraux: le commerce des biens, y compris l’automobile –où Kiev hésitait à renoncer à ses juteuses recettes douanières–, l’agriculture où l’UE assure toutefois avoir obtenu des exceptions pour certains produits “sensibles”, les services, les investissements, la libre circulation des capitaux et même celle des personnes, essentiellement limitée toutefois aux voyages d’affaires.