Selon Rached Ghannouchi , chef historique du mouvement
Ennahdha, «le projet
salafiste, tel qu’il se manifeste actuellement en Tunisie (port d’armes, appels
aux meurtres, profanation du drapeau national…), ne relève même pas du salafisme
jihadiste (partisan du combat armé). «C’est, a-t-il-dit, un projet de guerre
civile et a, à travers l’importation d’armes au pays et l’entraînement au
maniement des armes, une dimension terroriste, ce qui en fait un projet étranger
aux traditions pacifistes du pays».
Rached Ghannouchi, qui était longuement interviewé, ce matin du mercredi 28 mars
2012, par Radio Express Fm, a condamné avec la plus grande fermeté les appels
aux meurtres lancés, dimanche 25 mars 2012, contre les Juifs tunisiens qui,
a-t-il-dit, ont tous les droits de vivre dans leur pays tout autant que les
Tunisiens musulmans.
Il a stigmatisé, également, l’appel au meurtre lancé par un
salafiste contre
Béji Caïd Essebsi qu’il a qualifié de grand homme politique qui a eu le grand
mérite d’avoir dirigé le pays, à un moment très difficile, et d’avoir mené à
terme le premier processus de transition démocratique, et d’avoir organisé, avec
succès, des élections libres et transparentes.
Rached Ghannouchi a déploré, en outre, les agressions perpétrées par les
salafistes contre les hommes de théâtre au cours de cette même journée. Il a
tenu à préciser que les auteurs de ces appels et de ces agressions n’ont rien
avec l’Islam et qu’il importe d’appliquer la loi à leur encontre.
«Aujourd’hui, nous n’avons d’autre choix que de dialoguer avec ceux qui veulent
dialoguer et d’affronter ceux qui brandissent les armes et la violence du
sabre», a-t-il-précisé.
Avec cette position ferme à l’endroit des salafistes, Rached Ghannouchi rejoint
le ministre de l’Intérieur Ali Larayedh.
Dans une récente interview au journal français Le Monde, le ministre de
l’Intérieur a qualifié les salafistes du «plus grand danger auquel est
confrontée, aujourd’hui, la Tunisie» et déclaré, en substance, qu’il devait, un
jour ou l’autre, mener une grande bataille contre eux.
Il est allé même jusqu’à dire, en réponse à une question sur la stratégie de son
département pour lutter contre cette mouvance, qu’il va vers un affrontement,
«c’est presque inévitable», a-t-il-précisé.
Dans une autre déclaration publiée, mercredi 28 mars dans le quotidien El
Maghrib, le ministre de l’Intérieur révèle que les salafistes tunisiens sont
liés à des salafistes en Libye lesquels sont en relation avec des salafistes
algériens et que plusieurs d’entre eux se sont entraînés au maniement des armes
et œuvrent à créer des bases en Tunisie, rassurant, néanmoins, les Tunisiens que
son ministère suit de près tous les agissements des salafistes, particulièrement
les entraînements à caractère militaire.
Il a tenu à préciser que si on ne réagit pas rapidement on se trouvera, un jour,
face à face avec Al Qaïda.
C’est ce qu’Abou Iadh, de son vrai nom Seif Allah Ben Hasssine, qui, dans une
interview, le 26 mars 2012, au journal El Esboui, a confirmé en disant que les
salafistes tunisiens sont des alliés du mouvement Al Qaïda mais a nié que la
Tunisie soit une terre pour le Jihad (combat armé), accusant le ministère de
l’Intérieur d’utiliser le salafisme comme épouvantail pour faire peur aux
Tunisiens et instaurer une nouvelle dictature.
Sans commentaire.