Paradoxalement plus connu, du moins par le grand public, avec sa casquette
politique, l’ancien ministre, qui a fait partie du gouvernement pendant près de
dix ans en quatre temps, et vient de se voir attribuer le Prix de l’excellence
scientifique de par l’Association Cartographique Internationale, a en fait été
beaucoup plus présent sur le terrain universitaire et scientifique où il a
occupé de nombreuses fonctions.
Une année après avoir quitté le gouvernement et quatorze mois après avoir
divorcé de la politique en quittant le Parti Al Watan qu’il avait fondé avec
Mohamed Jegham, au terme d’une dernière expérience politique assez difficile,
Ahmed Friaa revient sur le devant de la scène, tunisienne mais également
internationale, sous la casquette d’homme de science.
En effet, l’ancien ministre de l’Intérieur a reçu le Prix international de
l’excellence scientifique décerné par l’Association Cartographique
Internationale (ACI), présidée par le professeur Georg Gartner.
Ce prix, remis lors d’une cérémonie organisée lundi 26 mars 2012 au Parc
Technologique d’El Ghazala –dont M. Friaa a été l’initiateur-, récompense les
travaux de recherche de cet ingénieur doublé d’un mathématicien –il avait
travaillé et enseigné les méthodes variationnelles et numériques, le calcul et
analyse limite des structures, la résistance des matériaux, la mécanique des
milieux continus et la plasticité et viscoplasticité.
Sur ce dernier sujet, il avait étudié la modélisation des structures à
comportement linéaire et proposé une généralisation de la loi de comportement
viscoplastique de Norton-Hoff, largement utilisée dans la littérature
scientifique sous son nouveau nom: loi de Norton-Hoff-Friaa. En rapport avec ce
sujet, il avait également des théorèmes aujourd’hui couramment utilisés dans de
nombreux codes de calculs industriels. Et c’est cette contribution –puisque le
système d’information géographique sur lequel l’Association Cartographique
Internationale organise des congrès internationaux en est un grand utilisateur-
ainsi que les recherches de M. Friaa sur les hyper-cubes magiques et leurs
applications –menés en partie avec Adel Bouhoula et qui ont donné lieu à
l’enregistrement de brevets- que cette organisation a voulu récompenser.
Le prix de l’excellence de l’ACI est décerné par un comité de 30 personnalités
scientifiques. Le choix du récipiendaire se fait en cinq tours. Parmi les
candidatures –soumises par des associations scientifiques-, le comité choisit
successivement 26 noms, puis 10, 4, 2 et, enfin, le vainqueur. Ahmed Friaa a
fait face à une concurrence sérieuse, parmi laquelle figuraient un savant
allemand, un américain, un jordanien, etc.
Paradoxalement plus connu, du moins par le grand public, avec sa casquette
politique, l’ancien ministre, qui a fait partie du gouvernement pendant près de
dix ans en quatre temps – Equipement et l’Habitat (1989-1992), Education et
Sciences (de juin à novembre 1994), Communication, puis Technologies de la
Communication (1997-2002), et, enfin, Intérieur (pendant quinze jours à partir
du 12 janvier 2011)-, a en fait été beaucoup plus présent sur le terrain
universitaire et scientifique où il a occupé de nombreuses fonctions.
Avec en poche cinq diplômes (Maîtrise de mathématiques de la Faculté des
Sciences de Tunis, diplôme des études approfondies en analyse numérique et
doctorat Es-sciences de l’Université Paris VI, agrégation de mathématiques de
l’Académie de Paris et diplôme d’ingénieur de l’Ecole Nationale des Ponts et
Chaussées de Paris), M. Friaa est entré dans le monde de l’enseignement
supérieur en 1976 comme maître de conférences à l’Ecole Nationale des Ponts et
Chaussées de Paris, puis chercheur au Laboratoire central de cette institution.
De retour en Tunisie, il devient professeur à l’Ecole
Nationale d’Ingénieurs de
Tunis (ENIT), dont il sera plus tard le directeur (1985-1989). Il occupera
également de nombreux postes à caractère scientifique en dehors de l’université
(président de la Commission de rénovation des études d’ingénieur et des études
technologiques, directeur fondateur de la revue maghrébine des sciences de
l’ingénieur, membre du comité scientifique de la revue «European Journal of
Mechanics, etc.). Un parcours qui justifie pleinement la distinction que lui a
attribuée l’Association Cartographique Internationale.
