La plateforme de Total en Mer du Nord, le 27 mars 2012 (Photo : -) |
[31/03/2012 12:53:37] ABERDEEN (Royaume-Uni) (AFP) La torchère qui faisait craindre une explosion sur une plateforme de Total en mer du Nord évacuée le week-end dernier s’est éteinte, a annoncé samedi le groupe pétrolier français, qui peut désormais concentrer ses efforts sur les opérations de colmatage.
“La torchère s’est éteinte d’elle-même, ce à quoi nous nous attendions”, a déclaré à l’AFP un porte-parole de Total, Brian O’Neill, depuis Aberdeen, ville écossaise où le groupe a mis en place une cellule de crise.
Total a fait cette première observation vendredi à la mi-journée lors d’un vol de reconnaissance des installations off-shore situées à 240 km au large d’Aberdeen. Des bateaux de la société sur zone ont pu confirmer samedi cette information après n’avoir constaté aucune activité de la torchère pendant la nuit.
L’extinction de la torchère, dont le rôle est de brûler le gaz résiduel au niveau d’une plateforme, signifie qu’il n’y a désormais plus de risque d’explosion, a estimé Simon Boxall, océanographe à l’université britannique de Southampton (sud). “C’est maintenant sans danger, avec des précautions d’usage”, a-t-il déclaré à l’AFP.
Des experts craignaient que le gaz, qui se répand sous forme de condensat et de nuage volatile, n’entre en contact avec la torchère restée en activité après l’arrêt électrique de la plateforme.
Total va maintenant “pouvoir approcher la plateforme par bateau pour évaluer la situation”, a estimé Simon Boxall, précisant que le survol prolongé du site par hélicoptère était trop dangereux en raison du risque de déclenchement d’une étincelle susceptible d’embraser le gaz.
La plateforme du champ d’Elgin, où travaillaient plus de 200 personnes, est totalement évacuée depuis lundi, et une zone d’exclusion est en place à proximité, en raison du danger. Total a reconnu qu’il s’agissait de son “plus gros incident en mer du Nord depuis au moins dix ans”.
L’origine de la fuite se situe à environ 4.000 mètres en-dessous du plancher marin, et le gaz à haute pression s’échappe au niveau de la plateforme.
Total avait expliqué vendredi avoir “lancé” en parallèle deux opérations pour tenter de colmater la fuite: étouffer le puits à partir d’une base flottante et forer deux puits de dérivation pour soulager la pression du gaz et permettre l’injection de boues pour sceller la fuite. Ce dernier scénario peut prendre jusqu’à six mois.
“Nous lançons le forage de puits de dérivation” pour tenter de colmater la fuite, a déclaré samedi le patron de Total, Christophe de Margerie, selon des déclarations de son PDG faites à Rennes (ouest de la France) et publiées par la société française sur son compte Twitter.
De son côté, Brian O’Neill a précisé à l’AFP qu’il fallait compter “sept à dix jours avant d’être en position pour commencer le forage”.
“Début de l’intervention sur la fuite possible dans 8 jours si les pompiers ont autorisation d’accès”, a ajouté Christophe de Margerie, précisant que la fuite provenait “d’une couche naturelle, pas d’un réservoir exploité”.
Le site laisse échapper environ 200.000 m3 de gaz par jour, selon les estimations de Total, pour qui l’incidence sur l’environnement est “relativement faible”. “Ce n’est pas beau, mais cela ne va pas avoir un impact significatif sur l’environnement”, a confirmé Simon Boxall.
De son côté, l’organisation de défense de l’environnement Greenpeace a décidé d’envoyer un bateau sur zone.
Le navire, avec à bord une douzaine de spécialistes, doit quitter samedi après-midi le port allemand de Cuxhaven (nord) et arriver à proximité de la plateforme lundi matin.
“Nous allons rester sur place 24 heures. Bien que maintenus à l’écart de la plateforme car la zone d’exclusion est assez grande, nous disposons de matériel pour effectuer des relevés atmosphériques” et des sédiments, a expliqué à l’AFP Christian Bussau, biologiste. Les résultats des prélèvements pourraient ne pas être connus avant deux semaines.