électronique à Tokyo, le 28 décembre 2011 (Photo : Yoshikazu Tsuno) |
[02/04/2012 09:05:18] TOKYO (AFP) Le moral des grandes entreprises japonaises est resté plutôt morose en mars, les industriels guettant une confirmation du récent déclin du yen avant de mieux respirer.
L’indice Tankan de confiance des grandes entreprises manufacturières publié lundi par la Banque du Japon (BoJ), utilisé par l’institut d’émission pour décider de sa politique monétaire et scruté par les marchés, s’est maintenu à -4 points.
Cet indicateur trimestriel mesure la différence entre le pourcentage de sociétés qui jugent la situation favorable et celles qui l’estiment défavorable. En mars, une petite majorité des grandes firmes de l’industrie jugeait donc la situation de manière défavorable.
Les économistes s’attendaient à une progression à -1 point en moyenne de cet indice, qui a baissé en décembre à cause d’inquiétudes pour la crise européenne et la croissance mondiale et en raison de la flambée de la devise nippone.
Mais l’apaisement des craintes pour les finances du Vieux continent et le rebond de l’activité aux Etats-Unis en ce début d’année n’ont pas suffi à redonner le moral aux industriels, dont les activités sont fortement dépendantes de la conjoncture internationale.
Ils restent en effet anxieux vis-à-vis de la cherté du yen, une valeur refuge par temps économique incertain qui a atteint des sommets l’an passé lorsque les marchés étaient paralysés par la crise financière européenne.
Cette vigueur est considérée par les firmes nippones comme l’un des principaux obstacles entravant un rebond de leur activité, après les difficultés subies à la suite du séisme et du tsunami du 11 mars 2011 sur fond de conjoncture internationale morose.
Un yen trop fort rabote la valeur des revenus perçus par les sociétés japonaises à l’étranger, lorsqu’elles les convertissent en monnaie nippone.
Pour l’année budgétaire du 1er avril 2012 au 31 mars 2013, elles s’attendent à ce que le dollar vaille en moyenne 78,14 yens, une prévision de vigueur du yen sans précédent.
Lundi, juste après la publication du Tankan, le dollar cotait pourtant quelque 83 yens, bien au-dessus de son plus bas niveau historique touché le 31 octobre dernier face à la monnaie nippone, à 75,32 yens.
Mais lorsque l’enquête a été effectuée auprès de 10.894 entreprises de toutes tailles et secteurs, du 23 février au 30 mars, le dollar venait juste de repasser au-dessus de la barre des 80 yens.
“Les industriels restaient incertains quant à l’évolution du yen au moment de la collecte du Tankan. Le dollar s’est toutefois stabilisé désormais au-dessus de 80 yens et la prochaine étude devrait indiquer une amélioration de leur moral”, a expliqué Hideki Matsumura, économiste à l’Institut de recherche du Japon.
Pour l’avenir, les grandes entreprises manufacturières restent actuellement circonspectes: sur la base des informations qu’elles ont fournies, l’indice de confiance ne progresserait que d’un point en juin, à -3 points.
Les plus optimistes d’entre elles en mars, les firmes de l’automobile dont les ventes de voitures “écologiques” au Japon bénéficient aujourd’hui de subventions gouvernementales, s’attendent même à une conjoncture plus difficile à la fin du printemps.
En mars, la confiance des grandes sociétés non manufacturières s’est pour sa part très légèrement améliorée (+1 point, à +5 points).
Tous secteurs confondus, la confiance des entreprises de taille moyenne a stagné (à -3 points), celle des petites progressant légèrement (+2 points, à -10).
Malgré le maintient par la BoJ de son principal taux directeur dans la fourchette minimaliste de 0,0 et 0,1%, l’activité des firmes peine à rebondir d’une année 2011 de récession.
Les autorités espèrent toutefois un redémarrage tiré à l’étranger par les croissances américaine et chinoise et au Japon par les budgets publics affectés à la reconstruction du nord-est dévasté par les catastrophes.