Chine : les autorités forcent Ai Weiwei à couper les webcams chez lui

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à Pekin (Photo : Peter Parks)

[05/04/2012 05:32:01] PEKIN (AFP) L’artiste contestataire chinois Ai Weiwei a annoncé jeudi que les autorités lui avaient imposé de couper les caméras reliées à internet qu’il avait installées à son domicile de Pékin pour tourner en dérision la surveillance constante dont il fait l’objet.

“Ils m’ont demandé hier de les arrêter, après 46 heures de fonctionnement”, a déclaré à l’AFP le dissident, en précisant avoir reçu cet “ordre strict” par un appel téléphonique.

Il a ajouté que les autorités n’avaient pas précisé de motif. “Ils ne donnent jamais de raison, je n’ai jamais su le motif de mes 81 jours de détention”.

Ai Weiwei avait été détenu dans un lieu inconnu de début avril à fin juin 2011, ce qui avait soulevé une vague d’indignation à travers le monde. Il vit depuis sous le contrôle rapproché de la police, sans pouvoir quitter Pékin.

En face de son domicile-atelier dans le quartier de Caochangdi, où sont regroupées les galeries artistiques d’avant-garde, les autorités gardent en permanence une vidéo-surveillance.

En installant à son domicile quatre caméras supplémentaires, dont les images étaient consultables à l’adresse http://weiweicam.com, Ai Weiwei a fait preuve d’un sens de la provocation qui est chez lui une marque de fabrique mais qui est rarement du goût du pouvoir en Chine.

“Je leur ai expliqué: vous avez 15 caméras pointées sur moi et la caméra que j’ai installée dans ma chambre à coucher est exactement la même que celle que j’avais au-dessus de ma tête durant mes 81 jours de détention. Donc je vous fais une faveur en vous permettant de conserver une surveillance rapprochée de mes faits et gestes”, a relaté le peintre, sculpteur et plasticien.

L’artiste, qui ne ménage pas ses critiques contre le Parti communiste chinois, avait reçu en novembre dernier une mise en demeure de régler au fisc une somme de 15 millions de yuans (1,7 million d’euros).

Grâce à la mobilisation de 30.000 Chinois, il a ensuite pu verser la garantie nécessaire pour interjeter appel de ce redressement, destiné selon lui à le punir de sa trop grande liberté de parole. Les autorités ont finalement accepté de reconsidérer ce redressement et la procédure est en cours.