Thierry Crouzet, blogueur hyperactif victime d’un “burn-out” numérique

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accueil de Twitter, un site de micro-blogging (Photo : Loic Venance)

[06/04/2012 08:57:41] PARIS (AFP) Ecrivain et blogueur, Thierry Crouzet s’est coupé du web six mois durant après un “burn-out numérique”, crise d’angoisse si violente qu’il s’est cru terrassé par une attaque cardiaque et s’est retrouvé aux urgences.

Dans “J’ai débranché – Comment revivre sans internet après une overdose”, il relate le processus de “déprogrammation” au cours duquel il s’est défait de la “pression insupportable” d’internet et des réseaux sociaux, addiction qu’il compare à celle des drogues ou de l’alcool.

Q: Quand avez-vous réalisé que vous aviez fait une “overdose” d’internet?

R: “Lorsque je me suis retrouvé sur mon lit d’hôpital et que, par automatisme, j’ai commencé à surfer sur internet avec mon téléphone portable. A ce moment-là, j’ai pris conscience que c’était complètement déplacé: j’étais à l’hôpital, ça aurait pu être très grave, et je surfais! J’ai commencé à me rendre compte que j’étais en fait totalement épuisé, que j’étais allé trop loin et que je faisais tout simplement un burn-out. Les réseaux sociaux nous poussent à être connectés en temps réel: si on ne réagit pas du tac au tac, on n’existe pas. Et puis on ne sent jamais seul sur internet, et c’est une sensation agréable. C’est le gros piège dans lequel nous attire le web: il nous fait croire qu’il faut y être en permanence alors que, quand on y réfléchit, c’est absurde. Mais évidemment, on ne s’en rend pas compte lorsqu’on est en plein dedans, on est dans un comportement trop compulsif”.

Q: Comment peut-on se laisser entraîner aussi loin?

R: “On ne peut que s’accuser soi-même ainsi que les personnes qui mettent au point ces technologies. Il y a un engrenage dans lequel on n’est plus très maître, c’est comme avec l’alcool, les drogues ou le tabac, c’est exactement le même type d’addiction. Les créateurs et animateurs de réseaux sociaux sont comme les fabricants de tabac, leur but c’est qu’on fume trop et tant pis si on meurt d’un cancer.

Q: Dans quel état êtes-vous ressorti de ce sevrage de six mois?

R: “Quand j’ai commencé l’expérience, j’avais très peur: je me demandais ce que j’allais faire sans internet pendant six mois! Le plus étonnant, c’est que quand que je suis revenu à internet, en octobre dernier, je n’avais plus aucune envie de reprendre mon activité d’avant, je n’y arrivais plus.

Je suis devenu très distant concernant l’usage que les autres font d’internet: ils n’ont aucun recul, cela leur prend une énergie folle et je me dis qu’ils vont eux aussi tomber de haut. Mais c’est leur vie tout comme c’était aussi ma vie avant, et c’est difficile de se remettre en question.

Cette parenthèse m’a appris à prendre mon temps. J’ai dû changer tout mon rythme de vie: quand on passe son temps à discuter avec des gens sur les réseaux sociaux et que d’un coup on se retrouve tout seul, il faut tout réapprendre. Mais ce qui a compté pour moi, c’est que j’avais une famille, deux enfants, et ma qualité de vie a totalement changé”.

Propos recueillis par Katia DOLMADJIAN