ématérialisé, en juin 2011, au salon Communic-Asia de Singapour (Photo : Roslan Rahman) |
[06/04/2012 13:07:42] PARIS (AFP) Le projet de “cloud à la française”, censé stocker les données informatiques stratégiques, a rebondi cette semaine avec le retrait de Dassault Systèmes, tandis que le projet concurrent Orange/Thales est en bonne voie pour bénéficier de 75 millions d’investissement.
En décembre 2011, le concepteur de logiciels Dassault Systèmes avait déjà créé la surprise en se retirant du consortium “Andromède” qu’il formait à l’époque avec l’Etat, Orange et Thales, et qu’il pilotait également depuis deux années.
Dans le cadre du Grand Emprunt, l’Etat devait initialement injecter 135 millions d’euros dans “Andromède”, via la Caisse des dépôts, tandis qu’Orange et Dassault Systèmes devaient investir chacun 60 millions d’euros et Thales 30 millions.
A la suite de sa sortie fracassante, Dassault Systèmes avait annoncé un nouveau projet, avec comme partenaire principal SFR (Vivendi) pour concurrencer l’alliance Orange-Thales qu’il venait de quitter.
Alors que les deux projets étaient quasiment bouclés et que le commissariat général à l’investissement s’apprêtait à les valider et à proposer au Premier ministre François Fillon qu’ils soient tout deux financés à parts égales, Dassault Systèmes a annoncé en début de semaine qu’il se retirait, définitivement cette fois, de la course.
“Nous n’entendons pas investir 75 millions d’euros dans un projet où l’un des actionnaires (soit l’Etat) est actionnaire à parts égales d’une structure concurrente”, a déclaré à La Tribune son patron Bernard Charlès.
Si Dassault Systèmes s’est retiré définitivement, SFR “maintient sa volonté d’investir” et souhaite “poursuivre” le projet. Il est en “discussions avancées avec un ou deux nouveaux partenaires”, a indiqué à l’AFP Benoît Loutrel, directeur de programme Economie numérique au Commissariat général à l’investissement. Contacté, l’opérateur SFR n’a pas souhaité s’exprimer.
“Certes, au début il y avait un projet unique. Mais on a toujours dit que l’on était prêts à investir dans plusieurs projets. Nous constatons aujourd’hui qu’un premier projet est prêt (Orange-Thales) et peut être engagé, et qu’il y a un second projet qui est train de réunir son tour de table”, a souligné M. Loutrel.
Il a annoncé que le Commissariat général à l’investissement allait faire “une recommandation au Premier ministre d’autoriser le premier investissement de 75 millions d’euros dans le projet Orange-Thales”.
Concernant le projet mené par Vivendi-SFR, “dès qu’ils auront reconstitué leur tour de table et dès lors que leur projet est satisfaisant, nous pourrions faire la même recommandation au Premier ministre d’investir aussi dans ce projet”, a estimé Benoît Loutrel.
“Il n’y a pas d’enveloppe prédéfinie, le fonds d’investissement a des gros moyens financiers, on ne bute pas sur nos contraintes financières”, a-t-il affirmé.
Interrogé sur l’imminence de l’élection présidentielle et le possible retard que pourraient prendre les décisions sur les investissements relatifs au “cloud”, Benoît Loutrel a estimé que “la règle était claire: l’Etat fonctionne jusqu’au dernier jour, il y a un principe républicain de continuité de l’Etat”.
Le marché du “cloud computing”, ou informatique dématérialisée, qui permet de gérer à travers le web des données informatiques stockées dans des serveurs distants, est en pleine expansion et devrait représenter plus de 177 milliards d’euros en 2020, selon le cabinet d’études Forrester.