Eolien offshore : GDF Suez échoue mais n’a sans doute pas dit son dernier mot

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érard Mestrallet à Montoir-de-Bretagne, le 8 avril 2011 (Photo : Frank Perry)

[06/04/2012 17:13:55] PARIS (AFP) GDF Suez a subi un échec cuisant dans l’éolien offshore, se retrouvant recalé sur les 4 sites qu’il visait, y compris Le Tréport où il était seul à s’être jeté à l’eau.

Mais cette occasion ratée pourrait renforcer ses chances pour le 2e appel d’offres prévu au second semestre.

Le groupe est ressorti totalement bredouille du premier appel d’offres visant à installer des centaines d’éoliennes au large du littoral français.

Une compétition dont les résultats annoncés vendredi sonnent comme autant de motifs de vexations pour le groupe de Gérard Mestrallet.

Premièrement, trois lots sur cinq ont été attribué à son éternel rival, EDF.

Deuxièmement, à Saint-Brieuc, où GDF Suez était également sur les rangs, le gouvernement a préférer repêcher l’espagnol Iberdrola, arrivé deuxième derrière EDF, dans le but avoué de maximiser les retombées industrielles. Mais il a recalé la candidature de GDF Suez au Tréport, en Seine-Maritime, où il était pourtant le seul à se présenter.

Le ministre de l’Industrie, Eric Besson, a souligné que le groupe avait fixé un prix nettement trop cher, qui aurait entraîné une “augmentation inconsidérée des factures d’électricité”.

Cependant, GDF Suez faisait vendredi contre mauvaise fortune bon coeur, assurant qu’il avait refusé de sacrifier sa “discipline financière” pour l’emporter face à ses rivaux.

“Nous regrettons de ne pas avoir été retenus”, a admis une porte-parole du groupe de Gérard Mestrallet, rappelant que “le consortium dont nous faisions partie présentait une expérience de premier plan dans l’éolien, parce que GDF Suez est leader en France dans l’éolien à terre et a une expérience dans l’offshore gazier”.

Selon elle, “le prix que le groupe a proposé dans le cadre des appels d’offres correspond à nos critères d’investissement de rentabilité financière, qui sont très stricts, et s’inscrit dans la discipline financière du groupe”.

– poser un pion –

Jean-Pierre Germa, l’ex-patron de la Compagnie du vent, société éolienne acquise en 2007 par GDF Suez, et qui est en conflit ouvert avec le groupe, a pourfendu la gestion du dossier par le groupe.

Dans une déclaration transmise à l’AFP, il a reproché à GDF Suez de ne pas avoir su exploiter “l’antériorité et le savoir faire incontestables” de la Compagnie du Vent, ce qui a conduit selon lui à formuler “un projet plus coûteux qui n’a pas su convaincre”.

Mais selon un bon connaisseur du secteur, qui préfère rester anonyme, la défaite de GDF Suez n’est peut-être pas aussi dramatique qu’il ne le paraît, et pourrait s’inscrire dans une stratégie en prévision du 2e appel d’offres, qui sera organisé au deuxième semestre, même si le groupe n’a pas voulu s’exprimer sur son éventuelle participation à cette seconde tranche.

Selon cet expert, le groupe sait bien que, contrairement à EDF, il ne peut pas considérer la France comme son marché domestique, car “lorsqu’il y a de grands choix industriels, il sera toujours servi en second”.

“Dans ce contexte, plutôt qu’un échec, sa participation à cet d’appel d’offres est une façon pour lui de poser un pion, qui lui donne de bonnes chances de gagner au deuxième coup”, estime-t-il.

En effet, “GDF Suez va laisser les autres essuyer les plâtres, il pourra s’appuyer sur l’assise industrielle qui sera mise en place, et il a montré sa bonne volonté en postulant sur les zones pas forcément les plus attractives. Ce qui lui donne une forte légitimité pour le 2e appel d’offres”.

Quand à l’allemand Siemens, l’autre grand perdant de la journée, puisqu’il avait été sélectionné comme fournisseur d’éoliennes par GDF Suez à Saint-Brieuc, il ne s’est pas non plus se prononcé quant à une éventuelle participation à la deuxième tranche, mais a défendu son expertise.

“Nous sommes déçus que la compétence que nous avons dans ce domaine, en tant que leader mondial de l’éolien offshore avec 600 turbines en fonctionnement, ne soit pas retenue”, a indiqué à l’AFP un porte-parole du groupe en France.