éception numérique (Photo : Stephane de Sakutin) |
[09/04/2012 09:02:52] PARIS (AFP) L’aménagement numérique du territoire est devenu aujourd’hui un enjeu aussi important que l’ont été l’accès à l’électricité ou au téléphone en leur temps, et les territoires ruraux estiment être à la traîne par manque de financements ou de volonté politique.
Selon l’Arcep, le régulateur des télécoms, la France comptait au 31 décembre 2011, 21 millions d’abonnements ADSL, c’est à dire d’accès à internet haut débit via le réseau cuivre classique.
Concernant le très haut débit, fin 2011, près de 6 millions de foyers étaient potentiellement raccordables à la fibre optique qui offre des débits de 100 mb/s. Mais à cette date, le France ne comptait que 655.000 abonnés effectivement connectés, selon des chiffres de l’Idate (Institut de l’audiovisuel et des télécoms en Europe).
L’institut explique ce faible taux d’abonnement par le fait que “la fibre optique a été déployée essentiellement dans les zones les plus denses, c’est à dire les grandes villes”, zones dans lesquelles une “moindre différence” existe entre les deux technologies, l’ADSL et la fibre.
L’intérêt serait sans doute plus grand dans les zones rurales où la couverture ADSL est moins bonne car plus les distances de câblage en fil de cuivre sont grandes, plus le signal s’affaiblit.
En milieu rural, 27% des abonnés reçoivent des débits inférieurs à 2 Mb/s, ne pouvant ainsi transmettre ou recevoir de la vidéo, contre 17% en milieu urbain, selon l’Idate.
“Moins de la moitié de la population française peut bénéficier du triple-play” (un abonnement comprenant internet, téléphone fixe et télévision), dit le sénateur de l’Eure Hervé Maurey (Nouveau Centre).
Quant à la promesse du gouvernement de voir 100% de la population bénéficier du très haut débit en 2025, il n’y croit pas: “C’est impossible car le modèle repose sur les opérateurs”, qui ne s’intéressent qu’aux zones où ils peuvent gagner de l’argent. Ce qui exclut de fait les zones rurales où les investissements sont très lourds pour une population très faible.
Le sénateur, comme l’association des maires ruraux de France (AMRF), demande que le “fonds d’aménagement numérique du territoire soit alimenté” par l’Etat.
– Zones blanches –
Concernant la couverture en téléphonie mobile, la 2G, ou GSM, a atteint en 2009 99,8% de la population et 97,7% du territoire. Pour la couverture 3G, qui permet d’utiliser internet en plus de téléphoner, les opérateurs Orange et SFR couvraient 98% de la population fin 2011, et Bouygues Telecom plus de 93%, selon des chiffres de l’Arcep.
Des taux trompeurs selon M. Maurey car “la manière dont est mesurée la couverture n’est pas adaptée”, dit-il. “Il suffit qu’un seul point soit couvert dans la commune pour que celle-ci soit déclarée couverte”, explique-t-il.
“Il reste, comme dans tous les pays du monde, des zones blanches. Même dans les grandes villes, même à Paris, on trouve des zones où la couverture n’est pas satisfaisante”, avait admis le ministre chargé de l’Economie numérique, Eric Besson, lors d’une audition au Sénat fin janvier.
Pour y remédier, le gouvernement a mis en oeuvre depuis 2003 un programme “zones blanches” qui a permis depuis l’installation d’environ 2.000 antennes relais avec un investissement de plus de 600 millions d’euros venant des opérateurs, de l’Etat et des collectivités territoriales.
Pour la couverture en 4G qui permet une utilisation de services en très haut débit mobile, le gouvernement a récemment attribué les fréquences du dividende numérique lors d’enchères fin 2011 en tenant compte de critères d’aménagement du territoire.
Une zone de couverture prioritaire a ainsi été définie, représentant 18% de la population mais 60% des territoires les plus ruraux de notre pays. “La 4G sera le premier réseau à être déployé simultanément dans les villes et dans les campagnes”, a dit M. Besson.