La finance islamique, qui connaît un développement soutenu depuis sa naissance dans les années soixante, suscite en Tunisie, notamment après la révolution, un intérêt grandissant, tant au sein d’institutions «islamiques» qu’auprès des autres acteurs de la scène financière nationale. Mais réellement s’agit-il d’une nouvelle alternative au développement économique, à la diversification de portefeuille ou un phénomène de mode, pour susciter un tel engouement?
Les panélistes du colloque international organisé jeudi 5 avril 2012 par l’Institut des Hautes Etudes de Tunis (IHET), ont essayé de répondre à cette question cruciale, sachant qu’aucune législation régissant la finance islamique n’a jusque-là été mise en place par le gouvernement tunisien. L’objet de ce colloque consistait donc à offrir une présentation générale des grands principes de la finance islamique, particulièrement en matière d’éthique.
La finance islamique est une finance éthique
De toute évidence, un climat socio-économique plutôt morose s’est installé dans l’opinion autour d’un certain nombre de considérations quelque peu préoccupantes: instabilité économique, baisse du pouvoir d’achat, creusement des inégalités … Au final, les marchés financiers sont souvent pointés du doigt. Partant de ce constat, Dominique De Courcelles, directrice de recherches au Centre national de la recherche scientifique (CNRS, France), a affirmé en substance que la finance islamique, en plaçant la personne humaine au cœur de l’activité économique, constitue une alternative éthique. Et d’ajouter: «Il faut que l’intelligence économique accepte de faire alliance avec l’intelligence éthique. Autrement dit, la pensée économique doit se combiner à la pensée éthique», précise la directrice.
Ainsi, on peut voir comment une approche islamique intelligente et raisonnable de la réalité économique peut être extrêmement utile dans ce monde globalisé où dominent les idées démocratiques et l’économie de marché, d’où cet engouement pour la finance islamique.
Pour conclure son intervention, Mme De Courcelles précisera que la finance islamique n’est pas éthique en soi, mais se sont les hommes qui la pratiquent qui le sont. Donc, «cette finance islamique éthique offre des possibilités pour une nouvelle histoire solidaire des peuples», estime la chercheuse.
Autant dire en fin de compte qu’il n’y a pas de finance islamique à proprement parler, mais seulement de l’ajout d’une dose de l’éthique dans les pratiques de la finance pour que celle-ci soit plus humaine et plus solidaire, et donc profitable à une large échelle de la population.
Ceci étant, reste à poser la question suivante: Comment développer, concrètement, la finance dite islamique en Tunisie?
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