Le plâtre est un matériau noble, n’arrêtent pas de le répéter techniciens et ingénieurs associés. Ils sont suivis en cela par tous les autres prescripteurs, les architectes en premier lieu. Et on peut faire confiance à ces divers corps de métiers, car ils savent de quoi ils parlent.
Aujourd’hui, ils sont relayés par le Centre des Matériaux de Construction de la Céramique et du verre (CTMCCV). Le plus étonnant dans tout cela est que, en dépit de toutes ses vertus et autres commodités pratiques, à savoir l’aisance de sa manipulation et de ses coûts comparatifs avantageux, le plâtre reste encore boudé par le marché. Quelles raisons à cela?
Faire repartir le secteur
Compte tenu de la morosité ambiante, qui frappe également le secteur, quelles sont les perspectives d’un éventuel rebondissement d’activité? Les dirigeants du CTMCCV poussent vers les matériaux alternatifs tels le béton cellulaire et le plâtre. Ils y voient deux vecteurs cohérents. Il ne s’agit pas, soutiennent-ils, de simples substituts aux matériaux traditionnels, telle la brique. Ils considèrent que le béton cellulaire autant que le plâtre s’insèrent dans des systèmes de construction différents du système traditionnel et que, de ce fait, ils présentent des attraits réels.
De ce fait, ils peuvent contribuer, a priori du moins, au redémarrage du secteur. En effet, tous deux ont un impact en entrée et en sortie de chaîne. Le plâtre nécessite peu d’énergie pour sa cuisson. Au vu de ses qualités physiques propres, le plâtre sait composer avec la météo. Il règle l’humidité ambiante par un mécanisme naturel de sa captation ou de sa restitution. Il nécessite peu d’apports en chauffage et en climatisation. Et en énergie grise, c’est-à-dire le besoin énergétique pour sa destruction, les besoins sont aussi très faibles.
A l’heure actuelle où le secteur du bâtiment se montre énergivore, la réflexion menée par le Centre inscrit parmi ses objectifs la réduction de la consommation énergétique du secteur, qui vient en troisième position actuellement derrière l’industrie et le transport. Et si rien n’est réglé entre temps, il serait à horizon 2020 en première position, avec 40% de la consommation nationale. Il faut donc songer à limiter les dégâts. Cette démarche relève de l’optimisation financière -car le pays importe le pétrole- ainsi que de la conformité aux exigences du développement durable.
Des objectifs groupés: aider au développement et créer de l’emploi
Nous avons tous en mémoire la saga du parpaing. Du temps de la collectivisation, le «moellon» que nous appelons «kentoul» en langage courant a été le matériau par excellence qui a permis le boom que l’on connaît pour le logement social et économique. Des quartiers comme la Cité Ettahrir, près du Bardo, ou la Cité Ibn Khaldoun, à Ras Tabia, dans la périphérie de la Capitale ont pu pousser rapidement et avec une enveloppe d’investissement modeste. C’était une parade efficace contre la crise du logement. Cela a été une solution nationale.
En concurrence, il y avait eu l’expérience du promoteur américain Carnoy, et quelques autres avec le préfabriqué. Mais le parpaing a connu son âge d’or à ce moment précis du décollage économique de la Tunisie. On se souvient que les particuliers se sont bien familiarisés au produit car on pouvait le couler sur place et le sécher à l’air libre.
A l’heure actuelle, nous pensons, en toute bonne foi, que le plâtre répond aux nécessités du moment.
Primo, nos gisements de plâtre localisés dans le sud peuvent créer du développement dans cette région soulageant les conditions de vie des autochtones.
Secundo, le plâtre demande des qualifications certaines. L’avantage suprême en la matière est que la formation de cette main-d’œuvre spécialisée se fait assez rapidement. L’autre avantage est qu’elle ouvre la voie aux techniciens d’intervenir en qualité de TPE et non comme simple maçon.
Tertio, c’est que, compte tenu de ses faibles coûts, il peut aider au redémarrage du bâtiment économique. On pourra de la sorte faire œuvre de rattrapage social pour les couches défavorisées de la population et dont on a pu mesurer les souffrances lors des dernières inondations.
En résumé, on peut dire que le plâtre peut apporter du développement dans les régions, réduire les inégalités sociales et procurer de l’emploi.