Fiscalité des millionnaires : Romney dans le collimateur d’Obama

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ésident américain Barack Obama, le 10 avril 2012 à Boca Raton en Floride (Photo : Brendan Smialowski)

[11/04/2012 06:41:21] BOCA RATON (Etats-Unis) (AFP) Barack Obama a plaidé mardi pour la “règle Buffett”, un rééquilibrage des barèmes fiscaux destiné à faire payer plus les Américains les plus riches, une façon de mettre en difficulté le multimillionnaire Mitt Romney, son probable adversaire à la présidentielle.

“Ce qui handicape notre économie entière est le fossé qui se creuse entre les ultra-riches et tous les autres”, a affirmé le président américain lors d’un discours en Floride (sud-est), un Etat crucial sur la carte électorale en vue de la présidentielle du 6 novembre où il brigue un second mandat de quatre ans.

“Je vous le demande: quelle est la meilleure façon de renforcer notre économie? Donner 150.000 dollars en plus d’allègements d’impôts à chaque millionnaire et milliardaire? Ou investir dans l’éducation, la recherche, la santé et nos anciens combattants?”, a ajouté M. Obama dans une université de la ville de Boca Raton, face à une foule enthousiaste, qui a scandé “quatre ans de plus!”

Le président défend depuis septembre 2011 la “règle Buffett”, la taxation à au moins 30% des revenus annuels supérieurs à un million de dollars.

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é Atlantique de Floride, à Boca Raton, le 10 avril 2012 (Photo : Brendan Smialowski)

M. Obama souligne qu’il est injuste que le multimilliardaire Warren Buffett, figurant parmi les plus grandes fortunes mondiales, soit assujetti à un taux d’imposition inférieur à celui de sa secrétaire salariée, en raison d’un code des impôts qui taxe moins les revenus du capital que ceux du travail.

M. Buffett lui-même a dit soutenir cette mesure.

Le Sénat, que dominent les alliés de M. Obama, doit effectuer lundi prochain un vote de procédure sur ce dispositif. Mais les adversaires républicains du président y ont dit leur hostilité et peuvent le bloquer.

L’insistance de M. Obama sur la “règle Buffett” semble surtout destinée à mettre sur la défensive son adversaire Mitt Romney, devenu encore plus favori de la primaire conservatrice mardi avec l’abandon de son principal concurrent Rick Santorum.

Le président n’a pas cité mardi le nom de M. Romney, se contentant d’ironiser sur les candidats “qui ne doivent pas être nommés” et qui se font selon lui les avocats à la fois d’une réduction des déficits et d’une baisse de la fiscalité pour les plus aisés.

Mais après l’annonce du retrait de M. Santorum, le directeur de la campagne démocrate, Jim Messina, a estimé que M. Romney avait fait subir à ses concurrents “une avalanche de publicités négatives”. Il a promis que le candidat républicain ne parviendrait pas à “acheter la présidence”.

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érence de presse à Washington, le 4 avril 2012 (Photo : Alex Wong)

M. Romney, un ancien investisseur dont la fortune est estimée entre 190 et 250 millions de dollars, a reconnu n’être assujetti qu’à un taux d’imposition de 15% environ malgré des revenus annuels de plus de 20 millions de dollars en 2010 et 2011.

Il profite ainsi en particulier, comme de nombreux Américains aisés, de niches fiscales instaurées en 2001 et 2003 sous l’égide de l’ancien président républicain George W. Bush.

La remise sur le tapis de la “règle Buffett” intervient alors que les Américains doivent déclarer leurs revenus avant le 17 avril et pourraient être davantage réceptifs à un tel discours.

Le camp républicain a riposté mardi en soulignant que ce qu’ils ont appelé “l’impôt Buffett” ne permettrait de lever que moins de 50 milliards de dollars supplémentaires en dix ans, alors que la dette de l’Etat fédéral dépasse les 15.600 milliards.

La directrice de la communication de M. Romney, Gail Gitcho, a estimé que “le président Obama est le premier président de l’histoire à faire ouvertement campagne pour sa réélection sur un programme de hausse d’impôts”.

L’ancien président Bush lui-même a défendu mardi les baisses d’impôts de 2001 et 2003, lors d’un discours à New York. “Si on augmente les impôts, on retire de l’argent de la poche des consommateurs”, a-t-il assuré, dans une rare incursion en politique depuis qu’il a quitté la Maison Blanche en janvier 2009.