Tunisie : Cherche remède pour le port de Radès

port-rades-110412.jpgLe port le plus important de Tunisie est malade. L’étude réalisée par Comete Engineering pour le compte de la Confédération des Entreprises Citoyennes de Tunisie (CONECT) et dont les conclusions ont été présentées mardi 10 avril, lors d’une journée de travail à laquelle a pris part Abdelkrim Harouni, ministre du Transport, l’a confirmé. Qui a également recommandé quelques solutions que le ministère de tutelle a promis d’étudier.

«Nous ne sommes pas satisfaits du port de Radès». Invité à prendre la parole en ouverture de la journée d’étude sur la compétitivité du port de Radès, le plus important du pays, Abdelkrim Harouni, ministre du Transport, a donné l’exemple avant d’appeler les participants à «parler franchement». Ce que ces derniers ne se sont pas privés de faire. A commencer, bien sûr par Walid Belhajamor, directeur général-adjoint de Comete Engineering, dont le diagnostic de la situation a été on ne peut plus clair et sans concession.

De l’étude réalisée par ce bureau d’études, dirigé par Radhi Meddeb, il ressort que s’il «dispose d’une situation géographique particulièrement intéressante» et est «relativement bien équipé, voire suréquipé», le port de Radès souffre de nombreux dysfonctionnements «ayant un impact sur la compétitivité de l’entreprise et, partant, sur l’économie».

Le port qui s’accapare plus de 90% du commerce du pays est handicapé à la fois par un faible tirant d’eau –«les navires de grand tonnage ne peuvent pas y rentrer, ce qui rend nécessaire le recours à la fragmentation des cargaisons» lors du déchargement-, les coûts du passage portuaires qui, de ce fait, sont «compétitifs en apparence seulement –certaines entreprises se plaignent de subir un surcoût de 200 euros par container-, la durée de séjour des containers dans le port –«de plus ou moins douze jours, contre deux seulement en Europe-, le temps d’attente des navires en rade –de 192 heures en Tunisie, alors qu’il n’est que de 20 à 50 heures en Europe»-, une faible productivité –en raison de la cadence de sortie des produits-, la durée des procédures douanières, les pots de vin –visant à «fluidifier le flux»-, la fiabilité des ressources humaines, généralement mal payées, mal formées et mal encadrées, etc.

Cette situation ne devrait pas perdurer encore longtemps, car, ainsi que la journée d’études a permis de le vérifier, toutes les parties concernées sont déterminées à agir et rapidement afin de pallier à ces faiblesses. A commencer par le ministère de tutelle. «L’actuel port de Radès n’est pas le port dont nous rêvons et que nous acceptons pour nous. Le port que nous voulons est encore à venir. Nous ferons du port de Radès l’un des meilleurs en Méditerranée», a clamé haut et fort le ministre du Transport. Qui a également insisté sur le fait que la réussite dans ce vaste chantier ne peut être que collective, tout comme un éventuel échec. D’où la politique de la main tendue à toutes les parties concernées, à commencer par la CONECT dont Abdelakrim Harouni a accepté la proposition de travailler ensemble sur ce dossier.

L’étude réalisée à l’initiative tombe à point nommé en particulier parce que le diagnostic effectué et les solutions recommandées –à court terme (accélération de la mise en oeuvre de projets d’extension de quais, de la création d’un terminal à conteneurs et d’une zone logistique au port de Radès, concession de l’activité de manutention dans les nouveaux quais à mettre en place à une autre entreprise que la STAM, étude économique rigoureuse doit être menée sur l’opportunité de consacrer le port de La Goulette aux croisières et au transport de passager aux dépens du transport des marchandises, autonomie de l’autorité du port, contrat d’objectifs portant sur une durée prédéfinie doit être établi d’une façon périodique entre l’Etat et l’autorité portuaire) et moyen terme (renforcer les mécanismes de concertation avec les acteurs économiques locaux afin de mieux tenir en compte de leurs besoins lors de la conception des projets d’investissement portuaires, concevoir et mettre en oeuvre une politique de marketing du port, mettre en place des terminaux terrestres, etc. )- fournissent matière à l’approfondissement de la réflexion déjà engagée par le ministère et l’Office de la Marine Marchande et des Ports (OMMP) en vue d’arrêter les mesures et à mettre en œuvre rapidement. Et dont l’impact sera mesuré et analysé lors d’une réunion que la CONECT et le ministère du Transport ont convenu de tenir vers la fin de l’année.