Se prêter ou se payer directement entre particuliers, une idée qui monte

[11/04/2012 17:01:18] PARIS (AFP)

Avec le soutien de la technologie, les initiatives se multiplient pour favoriser les relations financières directes entre particuliers, principalement le crédit et le paiement, avec l’objectif affiché, mais parfois illusoire, de se passer des banques.

“Il y a une tendance à la désintermédiation”, résume Thierry Dinard, associé au sein du cabinet InovenAlténor, qui a publié mercredi une étude reprenant les exemples d’innovation les plus marquants en matière de services financiers en 2011.

Ce nouveau courant répond au désir de proximité et de lisibilité de la finance, parfois accusée de s’être déshumanisée.

“Notre produit d’épargne est assez labellisé France. Quand vous investissez dans une Sicav +pays émergents+ (produit de placement), vous ne savez pas où ça va”, dit Charles Egly, président du directoire et cofondateur de Prêt d’Union, une société spécialisée dans le prêt entre particuliers.

Véritablement opérationel depuis fin janvier, ce nouvel acteur qui a dû patienter deux ans pour avoir le feu vert du régulateur prévoit d’atteindre deux millions d’euros de prêt d’ici fin avril.

Ces crédits, qui sont accordés pour une durée de 3, 4 ou 5 ans, sont directement financés grâce à des épargnants, “de type avertis”, selon M. Egly. “Ce sont soit des gens qui boursicotent, soit des clients patrimoniaux qui recherchent du rendement, de la diversification et un certain sens à leur épargne”, précise-t-il.

Le placement moyen par épargnant se situe généralement entre 10.000 et 15.000 euros.

Quant aux prêts, d’un montant moyen entre 8.000 et 11.000 euros, ils ne sont consentis que pour des projets identifiés et financent principalement l’achat d’un véhicule, un cycle d’études ou l’organisation d’un mariage.

Les taux d’intérêt varient entre 5,85% et 7,4% selon la durée. Les épargnants, eux, peuvent compter sur un rendement maximum compris entre 5% (placement à 3 ans) et 6,5% (5 ans), qui sera néanmoins minoré du coût des impayés éventuels.

A ce jour, la jeune société ne compte pas le moindre incident de paiement, mais elle évalue qu’en vitesse de croisière, les intérêts servis perdront environ un point de pourcentage par rapport au plafond possible (4% contre 5% pour les placements à 3 ans par exemple) du fait des remboursements non honorés.

Le coût lié aux impayés est l’un des points faibles de ces nouveaux intervenants, car même s’il est le plus souvent maîtrisé, il est supporté par les particuliers, à l’instar des nombreuses plateformes dites “peer to peer” ou “p2p” (de particulier à particulier) qui ont fleuri aux Etats-Unis depuis 2001.

C’est cet écueuil qu’a cherché à contourner SPEAR (Société pour une épargne activement responsable), véritablement lancée fin janvier.

Pour y parvenir, elle s’est adossée au Crédit municipal de Paris (CMP Banque), qui va garantir le risque de crédit, en assumant les éventuelles pertes sur les crédits accordés.

Chaque épargnant, qui investira par le biais de l’achat de parts sociales de la coopérative montée par SPEAR, “sera rémunéré quoi qu’il arrive”, souligne François Deroziers, l’un des trois co-fondateurs.

La coopérative ne soumet que des projets ayant une problématique sociale, culturelle ou environnementale, mais c’est la banque qui, après analyse de l’emprunteur, décide du prêt.

Contrairement aux apparences, le rôle de la banque reste également central dans la plupart des nouvelles structures de paiements entre particuliers.

Dans le cas de l’irlandais CurrencyFair, de l’américain clearXchange ou même du portefeuille électronique Google wallet, les fonds proviennent toujours directement d’un compte en banque ou d’une carte reliée à un compte.