à Sarrebourg (Photo : Jean-Christophe Verhaegen) |
[12/04/2012 07:17:42] PARIS (AFP) Les candidats à l’Elysée rivalisent de mesures pour soutenir la compétitivité des entreprises françaises par la baisse des coûts mais aussi par des incitations à l’innovation et à une plus grande solidarité entre elles.
UN CONSTAT QUI FAIT L’UNANIMITE
La France a enregistré un déficit commercial record de plus de 70 milliards d’euros en 2011. Sa part du marché mondial s’est dégradée depuis 1990, passant de 6,2% à 3,6% et le nombre total de sociétés exportatrices, de plus de 130.000 en 2000, est tombé à 117.000 en 2011.
Face à cette dégradation du commerce extérieur, à la perte d’industries et à la crise qui réduit les débouchés dans l’Hexagone, la question de la compétitivité des entreprises françaises par rapport à leurs concurrentes étrangères est plus que jamais d’actualité.
La France est classée quinzième en 2011 par le Forum économique mondial en termes de compétitivité. Les cinq premiers du palmarès sont dans l’ordre la Suisse, la Suède, Singapour, les Etats-Unis et l’Allemagne.
L’avantage comparatif peut porter d’une part sur les prix et d’autre part sur la qualité, la capacité d’innovation, la stratégie.
COMPETITIVITE PRIX
Le candidat UMP Nicolas Sarkozy veut agir sur le coût du travail. Avant-même de briguer un second mandat, il a proposé en ce sens une TVA “anti-délocalisations”. Elle consiste en une hausse de 1,6 point de 19,6% à 21,2% du taux principal de la taxe sur la consommation pour financer une réduction de charges sociales des entreprises, notamment industrielles, tout en mettant à contribution les produits importés.
Elle ne doit entrer en vigueur qu’en octobre et son rival socialiste François Hollande promet de l’abroger en cas de victoire. Il estime que, pour mieux cibler les entreprises industrielles, il est préférable d’alléger la cotisation foncière des entreprises, qui touche l’outil de production.
La candidate du Front national, Marine Le Pen, prône également la baisse du coût du travail, financée par un prélèvement de 3% du montant des biens importés. Elle veut aussi mener une “dévaluation compétitive” après un retour à la monnaie nationale.
Mme Le Pen promet par ailleurs l’instauration de droits de douane face aux productions à bas prix tandis que le candidat du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon est pour des “prélèvements nationaux concertés sur les réimportations en Europe de productions délocalisées”.
Les petites et moyennes entreprises (PME), qui représentent une large part des exportations du pays, font l’objet d’une attention particulière.
François Hollande et Marine Le Pen proposent pour elles un impôt réduit. François Bayrou promet un avantage fiscal pour les investissements en leur faveur. La candidate écologiste, Eva Joly, appelle à “des mesures de soutien à la recherche et à l’innovation pour les PME”.
COMPETITIVITE HORS PRIX
“Notre problème de compétitivité tient à une insuffisance d’investissements, un manque d’innovation et de recherche et un trop faible nombre d’entreprises exportatrices”, estime François Hollande qui propose de “soutenir l’investissement”. Il souhaite, tout comme le candidat centriste François Bayrou, compléter le crédit impôt recherche (CIR) par un “crédit impôt innovation”. Mme le Pen souhaite que le CIR vise en priorité les petites et moyennes entreprises et industries.
M. Bayrou promet de conforter le tissu de PME/PMI et de soutenir les artisans et de créer un label indépendant “produit en France”.
Les candidats proposent sous des formes variées des outils de financement des PME. Ils s’entendent aussi sur une des faiblesses de la France: le manque de solidarité entre grands groupes et sous-traitants et de stratégie par filière.
François Hollande propose un “pacte national de confiance” entre entreprises, Etat et partenaires sociaux, autour de “l’enjeu de compétitivité”. Nicolas Sarkozy menace les grands groupe bénéficiant d’aides de l’Etat à l’international de perdre ces avantages s’ils n’emmènent pas “dans leurs bagages les PME de la filière”. François Bayrou veut “mettre en réseau les grandes entreprises et les PME” et “définir filière par filière une politique de production à long terme”.
Jean-Luc Mélenchon souhaite des “stratégies de filières dans les secteurs émergents et stratégiques, intégrant recherche, innovation, développement, formation”.