Hollande avertit les marchés qu’il ne leur laissera “aucune place”

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” (Photo : Thomas Samson)

[12/04/2012 07:32:38] PARIS (AFP) Le candidat PS à l’Elysée, François Hollande, a averti les marchés, susceptibles de manifester une inquiétude quant à la situation économique de la France, qu’il ne leur laisserait “aucune place”, jeudi sur France 2.

“Moi, j’ai dit très clairement ce que serait le chemin pour aller vers le redressement des finances publiques, j’ai dit que nous aurions à mettre plus de croissance, parce qu’elle est nécessaire, et donc je n’ai à redouter aucune crise. Et si les marchés s’inquiètent, je ne sais pas si c’est le cas – je sais que pour l’instant, ils sont hélas mobilisés par rapport à l’Italie et à l’Espagne -, je veux leur dire ici que je ne leur laisserai aucune place”, a déclaré M. Hollande.

Il était interrogé sur le risque d’une reprise de la crise et de la spéculation sur l’euro évoqué par la majorité dans l’hypothèse où la gauche arriverait au pouvoir le 6 mai.

“Pour l’instant je ne sais pas si les marchés s’affolent mais la droite elle oui, elle s’affole, parce que pour ainsi jeter le trouble sur ce qui pourrait se passer en cas de victoire, la mienne, et laisser croire que la France serait l’objet de je ne sais quelle tourmente, franchement ce n’est pas digne du débat que nous devons avoir”, a jugé le candidat socialiste.

“C’est le président sortant qui a mis le pays dans la situation que l’on connaît: une dette publique qui a augmenté de 600 milliards d’euros, le triple A qui a été perdu, un déficit commercial de 70 milliards d’euros”, a-t-il affirmé. “Et il viendrait nous dire +attention ça pourrait être pire si c’était un autre+? Eh bien non!”

“Je suis en position d’être élu depuis des mois, est-ce que c’est ça qui explique la dégradation du triple A? Non, c’est la politique de Nicolas Sarkozy. Je suis dans les sondages, et ça ne préjuge en rien du choix des Français, en passe d’être élu, est-ce que c’est ça qui explique la dégradation de la compétitivité française? Hélas non, c’est la politique de Nicolas Sarkozy”, a-t-il soutenu.

Selon M. Hollande, “la meilleure façon de remettre de l’ordre et dans nos finances publiques et dans la justice sociale et fiscale c’est précisément de changer”. “Le seul risque que je vois pour mon pays”, a-t-il dit, “ça serait de continuer la politique qui a échoué”.

Interrogé sur “un mur de l’argent” qui pourrait “paralyser un gouvernement de gauche”, il a répondu : “Le mur de l’argent, il a frappé le candidat sortant” et “il n’a pas su l’abattre puisqu’il a, en définitive, cédé à chaque étape. Il a fait une politique d’austérité sans avoir les bénéfices que les marchés lui promettaient. Et là, il a signé un traité (le traité européen sur les disciplines budgétaires, ndlr) qui va instaurer l’austérité pour longtemps”.

Estimant que c’est “chaque fois qu’un pays est vulnérable qu’il y a une attaque”, il a estimé que la France et l’Europe devaient montrer “une capacité commune à dominer la finance”. “Quand Nicolas Sarkozy essaie d’appeler les marchés à venir à sa rescousse, ce n’est pas servir l’intérêt du pays”, a accusé M. Hollande. “Servir l’intérêt du pays, c’est lutter contre la spéculation, ce n’est pas l’encourager au prétexte que ça pourrait l’aider dans une cause qui serait celle de l’élection présidentielle”.

François Hollande a également estimé que le patronat ne devait “pas être une force politique”, critiquant les propos de la présidente du Medef, Laurence Parisot, favorables au président sortant Nicolas Sarkozy. “Le patronat doit être entendu, c’est une force économique, ça ne doit pas être une force politique”, a déclaré M. Hollande sur France 2. “Quand Mme Parisot a dit que Nicolas Sarkozy avait +fait un boulot extraordinaire en intensité et en quatité+, je considère qu’elle a été au-delà” se son rôle, a-t-il ajouté.