Les économistes étrangers ne prédisent pas le chaos avec Hollande à l’Elysée

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” (Photo : Thomas Samson)

[12/04/2012 15:19:59] PARIS (AFP) Une victoire de François Hollande au scrutin présidentiel pourrait causer des soubresauts sur les marchés, sans pour autant enfoncer l’euro dans le chaos comme le prédit la droite, estiment des économistes étrangers, dont certains saluent son initiative pour la croissance.

Alors que la crise de la dette s’est rappelée au bon souvenir des candidats, le camp du président UMP sortant Nicolas Sarkozy agite le spectre d’attaques spéculatives en cas d’arrivée du socialiste à l’Elysée.

En cause, la volonté de M. Hollande de “renégocier” le pacte budgétaire européen pour y ajouter un volet en faveur de la croissance et son intention d’atteindre l’équilibre des finances publiques en 2017, un an plus tard que promis par le gouvernement sortant.

Parmi les économistes étrangers qui observent la campagne électorale française, certains s’attendent à quelques turbulences si le candidat socialiste est élu.

Robert Halver, analyste chez Baader Bank à Francfort, prévoit ainsi une “baisse” de la Bourse de Paris et “éventuellement une fuite des investisseurs vers des marchés considérés comme plus stables”. Mais “cela ne durera que quelques semaines”, précise-t-il aussitôt à l’AFP.

De même, Jörg Krämer, chef économiste de la Commerzbank, juge qu’une victoire du socialiste figure “parmi les éléments qui pourraient déclencher une nouvelle phase d’incertitudes”.

Ce n’est pas le désendettement qui inquiète les économistes. La plupart relèvent que M. Hollande a globalement fait siens les engagements de la France, hormis les analystes de Forex.com qui craignent qu’il fasse voler en éclats les règles budgétaires européennes.

La surveillance de ses partenaires interdirait d’ailleurs à Paris de sortir des rails de l’austérité, expliquent les analystes de Citigroup.

Ce qui préoccupe certains observateurs, c’est surtout la “renégociation” du traité européen promise par M. Hollande. “Ce serait potentiellement perturbateur”, prévient Deutsche Bank, tandis que M. Krämer redoute un bras de fer avec la chancelière allemande Angela Merkel.

“Cela rend plus difficile la définition d’une vision commune de l’avenir de la zone euro par la France et l’Allemagne”, dit cet économiste à l’AFP. “Or sans une telle vision, la crise de la dette ne peut être résolue”, ajoute-t-il.

En réalité, la plupart des économistes doutent de la volonté du socialiste d’aller au “clash” avec Berlin. M. Krämer lui-même a noté que le candidat ne parlait plus de “renégocier” mais plutôt de “compléter” le traité.

“Il n’a d’autre choix que de s’entendre avec Angela Merkel”, glisse M. Halver.

“Il ne rejette pas purement et simplement le pacte budgétaire mais veut l’amender avec des clauses sur la croissance”, renchérissent les analystes de Citigroup. Selon eux, un compromis possible serait l’adoption d’un “protocole” ouvrant par exemple la porte, à terme, à des euro-obligations, mais “sans caractère contraignant”.

Outre ces “eurobonds” pour investir dans les infrastructures ou les énergies nouvelles, M. Hollande plaide pour une implication accrue de la Banque centrale européenne (BCE) dans la résolution de la crise, une “mobilisation exceptionnelle des fonds structurels” et des prêts de la Banque européenne d’investissement (BEI).

Un tel projet séduit plusieurs économistes.

“Compléter le pacte budgétaire avec une initiative significative pour la croissance serait probablement positif”, estiment les analystes de Deutsche Bank. Le Financial Times a appelé de ses voeux “une agenda de croissance pour la zone euro”, jugeant “encourageant” l’appel du socialiste français.

Le chef économiste d’Unicredit, Erik Nielsen, espère même que de cette initiative naisse un “nouvel et meilleur équilibre”, avec l’Italie de Mario Monti, favorable à des mesures pour la croissance, invitée à rejoindre le directoire franco-allemand.

Depuis des décennies, affirme-t-il, les alternances politiques en Europe n’ont pas fait dérailler la construction européenne, et “il est peu probable que cela change, quel que soit le résultat de la présidentielle française”.