Hollande interpelle l’Allemagne sur l’introduction d’un contrat à terme sur la dette

photo_1334414779779-1-1.jpg
à Chelles, près de Paris (Photo : Patrick Kovarik)

[14/04/2012 14:48:09] PARIS (AFP) François Hollande souhaite que les autorités allemandes “annulent” l’introduction d’un contrat à terme sur la dette de la France, en passe d’être lancé par une société allemande et déjà au coeur d’une controverse politique.

Dans un entretien avec le site d’information Mediapart, le candidat PS à la présidentielle a estimé que ce contrat n’était “pas une agression contre la France mais une spéculation encouragée au détriment des pays qui peuvent être concernés”.

“Ma position, ça serait de demander aux autorités allemandes de faire annuler cette introduction”, a-t-il déclaré.

Eurex, spécialiste des produits dérivés et filiale du groupe boursier allemand Deutsche Börse, doit lancer lundi un contrat à terme sur les obligations d’Etat françaises de long terme. Il s’agit d’un instrument permettant à un investisseur d’acheter un titre à un prix fixé à l’avance pour un règlement effectif à une date ultérieure.

Mais plusieurs partis politiques, dont le Front de gauche, Europe Ecologie-Les Verts et le Front national, y voient un outil pour favoriser la spéculation contre la dette française à la veille de la présidentielle et accusent les autorités financières et politiques de laisser faire.

M. Hollande a relevé, en référence à des propos de Jean-Pierre Jouyet qui est un de ses proches, que “le président de l’Autorité des marchés ici en France (l’AMF, ndlr) a dénoncé cette introduction”. M. Jouyet a estimé que cette introduction n’était “pas un bon signal” dans le contexte actuel.

Alors qu’une journaliste lui objectait que les autorités allemandes n’avaient pas le pouvoir d’annuler cette introduction, le candidat socialiste a répondu: “C’est tout l’enjeu de ce que nous devons faire à l’échelle de l’Europe. Est-ce que nous devons laisser faire librement la spéculation?”, a-t-il demandé.

D’après lui, il y a “un certain nombre de produits financiers qui devraient être purement et simplement interdits, ceux qui ne sont pas liés à la couverture d’un risque réel. Quand le produit lui-même est détaché de la valeur d’un bien, il n’a pas à être mis comme enjeu de la spéculation”.

Vendredi, le ministère des Finances a déclaré n’avoir “aucun pouvoir” pour autoriser ou interdire ces contrats à terme sur la dette de la France.