évy, présente les résultats de son groupe, le 9 février 2012 à Paris. (Photo : Eric Piermont) |
[14/04/2012 16:27:24] PARIS (AFP) Le patron du groupe publicitaire Publicis, Maurice Lévy, a concédé samedi que sa rémunération pouvait choquer l’opinion tout en soulignant qu’elle était le fruit d’un travail accumulé pendant neuf années et couronné de succès.
“C’est vrai que c’est beaucoup d’argent et que cela peut être choquant. Mais c’est de l’argent gagné sur de la réussite, réussite dont je suis extraordinairement fier. Je suis fier pour mon pays, pour mon entreprise pour mes actionnaires”, a-t-il déclaré samedi à la radio RTL.
L’annonce, fin mars, du versement de 16 millions d’euros de rémunération différée à M. Lévy, en plus de sa rémunération régulière, a déclenché une polémique en pleine campagne présidentielle. C’est la première fois que Maurice Lévy répondait à ses détracteurs.
“C’est une rémunération différée, c’est à dire qu’elle a été accumulée au fil des années. Ce sont neuf ans qui se sont concrétisés en une seule fois”, a-t-il insisté.
Pendant cette période, “il y avait une exigence qui n’était pas de réussir des objectifs internes mais (…) de faire mieux que tous nos concurrents”, a renchéri le dirigeant.
Il a cité l’exemple d’un footballeur à succès tel Ronaldo ou Zidane à qui on aurait demandé d’être le meilleur buteur du monde chaque année et qui n’aurait reçu ses primes de matches qu’au bout de neuf ans.
“Si j’avais reçu mes primes de matches chaque année, personne n’en aurait parlé”, a-t-il ajouté.
Il a en outre estimé que cette polémique avait pour but “d’abîmer” l’entreprise.
“C’est triste de voir qu’on veut abîmer un travail exemplaire, une entreprise formidable et un patron, pardonnez-moi de le dire, qui s’est toujours conduit de manière exemplaire”, a-t-il jugé.
M. Lévy a rappelé qu’en 1996, Publicis réalisait 560 millions d’euros de chiffre d’affaires et environ 23 millions de bénéfice net. Fin 2011, le chiffre d’affaires a atteint 5,8 milliards d’euros et le bénéfice net 600 millions d’euros.
La rémunération différée “représente un peu moins d’un demi centime par euro gagné”, a ajouté M. Lévy.
Dans le même temps, le groupe est passé du 14e au 3e rang mondial des groupes de communication et le nombre d’emplois est passé de 6.000 collaborateurs à 54.000 aujourd’hui.
Publicis, entreprise privée, n’a pas reçu le moindre centime “de quelque contribuable que ce soit”, a poursuivi M. Lévy.
“Il n’y a jamais eu un ministre qui est allé négocier un contrat en Chine, au Brésil ou ailleurs. C’est une entreprise qui s’est construite uniquement sur le talent”, s’est-il encore défendu.
Maurice Lévy s’est enfin insurgé contre les politiques qui se sont saisi de cette rémunération pour polémiquer “parce que soit en panne de programme, en panne de ressort politique, soit tout simplement parce qu’ils avaient envie de flatter les bas instincts du populisme”.
“Ce qui devrait être au coeur de la campagne aujourd’hui, c’est la dépense publique, la dette et l’emploi. (…) Ce qui m’épate, de manière négative, c’est de voir que cette campagne passe à côté des vrais sujets”, a-t-il dit.
Fin mars, le président Nicolas Sarkozy avait assuré “combattre” les “rémunérations choquantes” et “exorbitantes”, “dans la finance ou ailleurs”.
Le candidat socialiste François Hollande avait lui dénoncé cette rémunération, y voyant la justification de sa mesure phare visant à taxer à 75% la part des revenus qui dépasse un million d’euros.
Maurice Lévy a rétorqué samedi qu’il était favorable à une taxation supplémentaire mais s’est dit “opposé à la confiscation des fruits du travail”.