Que le parti Ennahdha commence sa campagne électorale avec beaucoup de véhémence, c’est de bonne guerre. Sauf que dans un discours politique, même prononcé sur une place très populaire, le tact et un… minimum de politesse sont requis.
Ainsi donc, le parti Ennahdha a adopté de nouvelles méthodes à présent. Le choix porté sur la personne de Tarak Dhiab, ministre de la Jeunesse et des Sports, pour prononcer, au courant de la semaine écoulée, un discours sur la place très populaire de Bab Souika, fief de l’Espérance Sportive de Tunis, lui-même, le ministre, ayant été dans le passé une grande vedette de ce club, n’est nullement fortuit, mais, au contraire, bien calculé. Dans sa volonté d’être très populaire et tout près des Tunisiens, le parti Ennahdha ne pouvait, en effet, que jouer la carte la plus populaire qui soit, c’est-à -dire la personnalité-vedette et légendaire du plus grand club de football de Tunis.
D’ailleurs, c’est seulement maintenant qu’on commence à comprendre les raisons ayant amené à la nomination d’un grand footballeur à un poste politique. Seule fausse note: les propos malveillants et les invectives, très courants au football, ne sont pas admis en politique; c’est même très mal vu et cela rabaisse plus que ça n’élève.
De ce discours populaire (jusqu’au populisme), nous ne retiendrons, entre autres écarts et dérapages, que deux bévues indélicates et inacceptables de la part d’un ministre. Prenant à cœur la défense du ministre de l’Intérieur au sujet des incidents du 9 avril dernier, celui de la Jeunesse et des Sports dit: «La liberté de la presse n’est pas de s’attaquer à un ministre, cela démontre le nouvel esprit de la presse en Tunisie qui voudrait tout dire et quitte à en rajouter; elle a commis des erreurs sur le compte de M. Ali Laâraydh, et moi je dis : ‘‘le gourdin pour quiconque désobéit’’ («Al âça limann’ âça»).
Qu’un ministre menace les journalistes de gourdin, passe encore; ces attaques répétitives contre les représentants des médias sont même devenues monnaie courante depuis les élections du 23 octobre dernier. Mais qu’il s’attaque même aux représentants du peuple (les Constituants), voilà qui est de très mauvais goût: «Ils (les Constituants) auraient dû être un peu plus respectueux en direction du ministre de l’Intérieur à la place de ce comportement indigne qu’ils ont adopté».
Dans ce même discours, Tarak Dhiab a exprimé sa conviction de voir le gouvernement actuel rester en place jusqu’au-delà de…2017. Soit. Espérons tout simplement que lui, Monsieur le ministre, gardera son poste au-delà de 2017, et qu’il n’aura pas été dans tout cela un simple instrument.