à Tokyo (Photo : Kazuhiro Nogi) |
[17/04/2012 05:54:01] TOKYO (AFP) Le Japon va fournir 60 milliards de dollars supplémentaires au FMI pour l’aider face à la crise de la dette en Europe et la directrice générale du Fonds, Christine Lagarde, a appelé les autres Etats membres à suivre cet exemple.
“Le ministre des Finances, Jun Azumi, a déclaré que le Japon allait fournir 60 milliards de dollars afin de renforcer les bases financières du FMI”, a expliqué mardi un porte-parole du ministère à l’AFP.
Cette décision répond à un appel de Mme Lagarde qui avait demandé en janvier des financements supplémentaires au FMI pour augmenter de 500 milliards de dollars ses ressources prêtables, afin de mieux lutter contre la crise d’endettement européenne et ses répercussions ailleurs dans le monde.
En vertu des règles comptables du Fond, ce besoin nécessitait de rassembler 600 milliards.
La promesse du Japon devrait être présentée formellement par les autorités nippones lors d’une réunion des ministres des Finances et banquiers centraux du G20 à Washington, le 20 avril, et lors de l’assemblée semestrielle du FMI qui suivra.
Mme Lagarde a immédiatement salué “le rôle moteur et l’engagement solide du Japon pour le multilatéralisme” dans un communiqué publié à Washington. En 2009 déjà, en pleine crise financière internationale, Tokyo avait été la première capitale à débloquer des ressources supplémentaires pour l’institution – 100 milliards de dollars en l’occurrence.
La directrice générale du FMI a appelé “les Etats membres du Fonds à suivre l’exemple du Japon”, premier pays non-européen à s’engager. Jusque-là, seule la zone euro avait promis d’abonder les ressources du FMI, à hauteur de 150 milliards d’euros (198 milliards de dollars).
“Il était important de rendre public notre décision afin d’aider à construire un accord avant” ces réunions, a expliqué M. Azumi, qui s’est dit “sûr que d’autres pays vont annoncer leurs contributions”, selon des propos cités par les médias nippons.
Les Etats-Unis, premier actionnaire du FMI devant le Japon, ont prévenu qu’ils n’apporteraient pas un dollar.
Au vu de la faible mobilisation initiale, la directrice générale avait rabaissé ses prétentions en déclarant jeudi que “les besoins aujourd’hui pourraient ne pas être tout à fait aussi importants que nous l’avions estimé”.
Selon le dernier point hebdomadaire sur ses finances, le FMI peut actuellement engager 382 milliards de dollars pour ses pays membres à revenus moyens ou élevés. Les nouveaux fonds prêtables que l’institution réussira à lever auprès de ses contributeurs seront comptés en sus.
D’après Mme Lagarde, l’annonce de M. Azumi “est une étape importante dans l’effort international en cours pour améliorer l’adéquation des ressources disponibles pour prévenir et combattre les crises”, et devrait “permettre de faire des progrès décisifs” en ce sens.
Le ministre nippon a souligné que le Japon, via cet effort supplémentaire, espérait rassurer les marchés de nouveau pris d’inquiétude pour les finances européennes, après une accalmie en début d’année suivant des accords d’allègement de dette et d’aide supplémentaire à la Grèce.
“Nous ne pouvons être complètement optimistes à propos du problème européen d’endettement. Des contributions sont nécessaires pour mettre un terme à cette crise”, a-t-il insisté.
L’Espagne est particulièrement dans l’oeil des places financières, le taux de son obligation à dix ans étant récemment passé au-dessus des 6%, un niveau difficilement viable financièrement à terme.
En contrepartie de son soutien indirect à l’Europe via le FMI, Tokyo va “demander fermement aux Européens de renforcer encore leurs filets de protection”, a souligné M. Azumi.
Le FMI a donné une petite note d’espoir mardi à ses Etats membres en estimant que pour la majorité d’entre eux, le pic de la dette publique était pour bientôt.
Fin mars, la zone euro a décidé d’augmenter le montant de son “pare-feu” à 800 milliards d’euros –1.000 milliards de dollars– afin de protéger durablement les pays fragiles.
La crise d’endettement européenne, en ralentissant l’économie mondiale, a heurté les exportations et donc la croissance du Japon, à peine remis du séisme et du tsunami du 11 mars 2011 dans le nord-est et souffrant de tensions d’approvisionnement électrique depuis la catastrophe nucléaire de Fukushima.