ège de Repsol, le 13 avril 2012 à Madrid (Photo : Dominique Faget) |
[17/04/2012 09:54:11] MADRID (AFP) Le groupe pétrolier espagnol Repsol demandera une compensation via un arbitrage international, qui pourrait dépasser les 10 milliards de dollars, après l’annonce par le gouvernement argentin de son projet de l’exproprier de sa filiale YPF, a annoncé mardi son président.
“Tout Etat a le droit d’exproprier, mais il faut aussi payer”, a clamé Antonio Brufau lors d’une conférence de presse, et “ces actes ne resteront pas impunis”.
Pour cela, le groupe demandera “une compensation à travers l’arbitrage international”, laquelle devra être “au moins égale” à la valeur de sa part de 57,4% dans YPF, que Repsol estime à 10,5 milliards de dollars (8 milliards d’euros).
La valeur totale d’YPF, selon Repsol, est de 18,3 milliards de dollars, même si M. Brufau juge que la filiale “vaut beaucoup plus que 18 milliards”.
“Repsol lancera toutes les actions légales qui sont à sa portée”, a déclaré le président de l’entreprise. “L’éventail est large”, a-t-il souligné, citant de possibles actions au niveau constitutionnel, commercial ou encore civil.
Alors que le gouvernement argentin accuse le groupe espagnol de ne pas avoir assez investi dans YPF, M. Brufau a répliqué en affirmant avoir réalisé, depuis l’achat de la filiale en 1999, “20 milliards de dollars d’investissements, et à cela il faut ajouter les 15 milliards de dollars pour acheter” YPF.
Depuis, “les investissements ont toujours été très supérieurs aux résultats”, a-t-il insisté.
Au final, la décision de la présidente argentine Cristina Kirchner “est une manière de cacher la crise économique et sociale dont souffre actuellement l’Argentine”, en raison notamment de sa “politique énergétique erronée”, a-t-il accusé.
Le président de Repsol a dénoncé, de la part de Buenos Aires, une campagne de “harcèlement”, menée ces dernières semaines, “planifiée de manière calculée pour provoquer la chute de l’action d’YPF et faciliter l’expropriation à prix cassé”.
“Ce n’est pas digne d’un pays moderne, l’Argentine ne mérite pas ça”, a-t-il estimé.
Repsol a chiffré son exposition totale, dans ce pays, à 5,664 milliards d’euros, rappelant qu’en 2011, YPF a représenté 25,6% de son résultat opérationnel, 21% de son bénéfice net et 33,7% de ses investissements.
“Ce sont des chiffres importants mais que nous pouvons supporter”, a indiqué M. Brufau, soulignant ainsi la solidité de Repsol, même sans l’Argentine, et disant agir “surtout, pour le respect de la sécurité juridique” des entreprises au niveau international.
La présidente argentine, ignorant les avertissements de Madrid, a décidé lundi d’exproprier partiellement la compagnie pétrolière YPF, contrôlée par Repsol à 57,4%, dont l’Etat argentin et les provinces détiendront désormais 51%.
Cette décision a ouvert une crise sans précédent entre l’Espagne et l’Argentine, deux pays traditionnellement amis.
Rappelant que “jusqu’à fin 2011, le gouvernement argentin montrait de nombreux signes de satisaction vis-à-vis de YPF”, le président de Repsol s’est interrogé: “quelqu’un doit m’expliquer ce qui s’est passé, pourquoi, il y a quatre mois, (YPF) était la meilleure entreprise argentine, et maintenant c’est la pire”.
S’adressant à Cristina Kirchner, M. Brufau a dit: “avant d’insulter, de stigmatiser, parlons, parce que l’intérêt d’YPF, c’est l’intérêt de l’Argentine”.
Le dirigeant a confié que la part de Repsol dans YPF suscitait l’intérêt d’investisseurs internationaux: “nous avons reçu des signes d’intérêt, avec des valorisations similaires” à celle donnée mardi par Repsol.
M. Brufau a en outre rapporté avoir voulu discuter, ces dernières semaines, d’une éventuelle modification de l’actionnariat avec la présidente argentine, dans le but d’apaiser les tensions, mais “elle n’a pas eu le temps de me recevoir”, a-t-il regretté.