Tunisie – Tourisme : Comment venir à bout des blocages!

elyes-fakhfakh-170412.jpg«La Turquie a pu, en dix ans, multiplier par trois le nombre de touristes alors qu’elle est gouvernée par un parti à tendance islamiste. Pourquoi ceci ne peut pas être valable en Tunisie? Il n’y a aucunement une orientation pour un tourisme islamique. Chaque opérateur dans le secteur a la liberté de promouvoir le produit qui lui convient et qui convient à la clientèle qu’il cible. Le tourisme tunisien a ses traditions et il les respectera toujours», affirme Elyes Fakhfakh, ministre du Tourisme, lors d’une conférence de presse, ce mardi 17 avril 2012, en marge de la 6ème conférence de l’Organisation mondiale du tourisme qui se tient actuellement à Djerba en Tunisie.

Au sujet du pèlerinage de la Ghriba à Djerba, le ministre indique que c’est un événement comme un autre. «Il ne faut pas en faire une focalisation. Tout a été coordonné avec le ministère de l’Intérieur pour mener à bien cette visite. La communauté juive en Tunisie mérite tout notre respect. Ce sont des citoyens tunisiens. Il ne faut pas se mettre à la craindre. Nous sommes optimistes mais c’est de l’optimiste vigilent», ajoute-t-il.

Climat politique…

Il est vrai que tout se joue actuellement sur la perception du climat politique tunisien à l’étranger. Les acteurs politiques, et à leur tête le chef du gouvernement Hamadi Jebali, multiplient les déclarations rassurantes sur la situation sécuritaire dans le pays. «Tout extrémisme, quelle que soit sa nature, est à bannir», à-t-il lancé, lundi 16 avril 2012, en marge de la même manifestation. Mais est-ce suffisant pour relancer la destination qui souffre déjà de plusieurs difficultés fondamentales?

Certains diront même que la révolution donne une opportunité en or pour la Tunisie afin de promouvoir son tourisme et réaliser des réformes structurelles, permettant de valoriser la destination pour ne plus être une destination de basse gamme. Cette réforme radicale nécessite certainement une stratégie à moyen et long terme, comme l’a noté M. Fakhfakh, puisqu’il faudrait, tout d’abord, traiter les lacunes du secteur, à commencer par l’endettement qui bloque toute initiative d’amélioration.

Revoir la promotion…

La promotion est aussi un chantier à part. Le changement des approches de promotion sont fondamentales pour bien présenter la destination et en faire une destination de choix non seulement pour les marchés traditionnels ou de proximité mais aussi pour de nouveaux marchés, spécialement lointains. Une mission à laquelle devraient s’atteler le ministère du Tourisme et les professionnels du secteur, notamment les agences de voyage et les hôteliers.

Ceci évoquera la performance de l’administration tunisienne à s’adapter aux exigences de réactivité et d’efficacité. Le ministre du Tourisme affirme, d’ailleurs, qu’une unité de gestion a été créée pour cette finalité afin d’éviter les procédures administratives lentes pour l’application de la stratégie à court terme. Mais il s’agit de réviser tout un système qui tend à bloquer les initiatives d’amélioration, rien que de reconsidérer les procédures d’appel d’offres qui prennent beaucoup de temps et qui sont également orientés vers le moins-disant.

Coordination…

M. Fakhfakh reconnaît aussi l’existence d’un manque de communication au niveau gouvernemental et dans tous les ministères. D’où la nécessité, selon lui, de créer un organisme ou une instance qui coordonne les activités des différents ministères.

A ce niveau, les ministères du Tourisme, du Transport et de la Culture seraient les premiers concernés puisqu’une stratégie globale pour la promotion du tourisme devrait engager l’amélioration des liaisons aériennes et l’exploitation du patrimoine culturel. «En Turquie, le ministère du Tourisme a été foisonné avec celui de la Culture, depuis déjà dix ans. Le ministre turc m’a indiqué lors de la réunion mixte que l’une des clés du succès de la destination était ce foisonnement. Je pense que cette idée peut bien marcher en Tunisie. On a plusieurs sites culturels à exploiter. Kairouan, par exemple, est classé comme patrimoine culturel mondial mais elle n’attire que 60 mille visiteurs par an. Toute la stratégie est à revoir», explique le ministre.