à Washington DC (Photo : Chip Somodevilla) |
[17/04/2012 17:43:43] TOKYO (AFP) Le Japon va fournir 60 milliards de dollars supplémentaires au FMI pour l’aider face à la crise de la dette en Europe et la directrice générale du Fonds, Christine Lagarde, a appelé les autres Etats membres à suivre cet exemple.
“Le ministre des Finances, Jun Azumi, a déclaré que le Japon allait fournir 60 milliards de dollars afin de renforcer les bases financières du FMI”, a expliqué mardi un porte-parole du ministère à l’AFP.
Mme Lagarde a immédiatement salué “le rôle moteur et l’engagement solide du Japon pour le multilatéralisme” dans un communiqué publié à Washington, et souhaité que d’autres imitent.
Elle a été immédiatement entendue par la Suède, qui a promis 10 milliards de dollars “au moins”, et le Danemark, qui compte apporter 7 milliards. Le FMI a additionné 9,3 milliards de dollars annoncés par la Norvège en décembre, pour parvenir à un total de 26 milliards de la part des pays scandinaves.
D’après la directrice générale, ces annonces sont “une étape importante dans l’effort international en cours pour améliorer l’adéquation des ressources disponibles pour prévenir et combattre les crises”, et devraient “permettre de faire des progrès décisifs” en ce sens.
Jusque-là, seule la zone euro avait promis d’abonder les ressources du FMI à hauteur de 150 milliards d’euros (près de 200 milliards de dollars).
Les Etats-Unis, premier actionnaire du FMI, ont prévenu qu’ils n’apporteraient pas un dollar.
Dans un entretien accordé à plusieurs journaux, Mme Lagarde a estimé mardi que le total des nouvelles contributions pourrait atteindre “400 milliards de dollars ou plus”. Son ambition initiale était d’augmenter de 500 milliards de dollars les ressources prêtables, nécessitant des contributions de 600 milliards de la part des Etats membres.
Ces ressources étaient, selon le dernier point hebdomadaire du FMI sur ses finances, de 382 milliards de dollars pour ses pays membres à revenus moyens ou élevés. En l’état actuel des engagements, elles pourraient donc être portées à plus de 650 milliards.
“Mon espoir est que nous allons atteindre une masse critique cette semaine”, a déclaré Mme Lagarde au quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung.
Les ressources du FMI seront au coeur des discussions d’une réunion ministérielle du G20 à Washington vendredi et de l’assemblée annuelle du Fonds samedi, au cours desquelles les autorités nippones présenteront formellement leur offre.
“Il était important de rendre publique notre décision afin d’aider à construire un accord avant” ces réunions, a expliqué M. Azumi, qui s’est dit “sûr que d’autres pays vont annoncer leurs contributions”, selon des propos cités par les médias nippons.
Le ministre a souligné que le Japon, via cet effort supplémentaire, espérait rassurer les marchés de nouveau pris d’inquiétude pour les finances européennes, après une accalmie en début d’année suivant des accords d’allègement de dette et d’aide supplémentaire à la Grèce.
“Nous ne pouvons être complètement optimistes à propos du problème européen d’endettement. Des contributions sont nécessaires pour mettre un terme à cette crise”, a insisté M. Azumi.
L’Espagne est particulièrement surveillée par les places financières, le rendement de son obligation à dix ans étant récemment passé au-dessus des 6%, un niveau difficilement viable à terme.
En contrepartie de son soutien indirect à l’Europe via le FMI, Tokyo va “demander fermement aux Européens de renforcer encore leurs filets de protection”, a souligné M. Azumi. Fin mars, la zone euro a décidé d’augmenter le montant de son “pare-feu” à 800 milliards d’euros afin de protéger durablement les pays fragiles.
Dans son “Moniteur des finances publiques” semestriel, le FMI a toutefois jugé que le pic de la dette publique était en vue pour nombre de pays développés, estimant qu’elle pourrait atteindre son niveau maximum en 2013 pour la France et l’Italie par exemple.