J’agis, donc je suis. Ce semble être là le credo que s’est donné la Confédération des Entreprises Citoyennes de Tunisie (CONECT) depuis sa création en septembre 2011. Car, outre une certaine dose de créativité –notamment dans le choix de la clientèle-cible et des valeurs mises en avant en vue de l’attirer- c’est bien l’activité abattue au cours des six premiers mois de son existence qui caractérise le plus la nouvelle centrale patronale. Une activité déployée à la fois en Tunisie et à l’étranger.
Sur les seules dernières semaines, on en a un échantillon fort significatif. En effet, depuis fin mars, la CONECT a successivement organisé une conférence sur la responsabilité sociétale de l’entreprise (RSE), en collaboration avec la GIZ (la Coopération technique allemande), une autre pour présenter le rapport de l’ONUDI sur les énergies renouvelables, une troisième à Sfax, un colloque sur la fiscalité et la démocratisation, avec la Faculté des Sciences de Sfax et l’Institut arabe des chefs d’Entreprise, et le 10 avril, une troisième sur la compétitivité du Porte de Radès.
Cette journée d’étude visait à opérer un benchmark avec les principaux ports de la région –ceux de Djen Djen, en Algérie, du Maroc, et de La Valette- en vue d’analyser les problèmes du port de Radès qui, explique Tarek Chérif, président de CONECT, «gère 90% du flux commercial de la Tunisie» et «montre aujourd’hui ses limites et pèse par sa non compétitivité sur toutes les entreprises tunisiennes». Et une fois le diagnostic posé, «CONECT a la volonté d’œuvrer, avec l’administration tunisienne, à réunir toutes les conditions» en vue d’améliorer le fonctionnement et les performances de ce port.
Ce qui fait dire au président de la centrale patronale que «vous voyez donc que nous ne sommes pas des donneurs de leçons et contribuons avec nos moyens et avec l’administration à faire bouger les choses».
Faire bouger les choses est également ce que la CONECT veut faire au niveau des relations économiques et commerciales de la Tunisie avec les voisins et amis. En particulier avec la Libye.
«Nous avons effectué trois missions –en comptant le voyage présidentiel- en Libye. Une première à Benghazi, avec plus de 70 participants, une deuxième à Tripoli, à laquelle ont pris part plus de 80 entreprises, et celle qui a accompagné le président de la République. Il y a de réelles possibilités avec la Libye malgré la situation sécuritaire actuelle. D’ailleurs, le patronat de Benghazi va organiser une mission en Tunisie en vue d’y étudier les possibilités d’investissement et d’approvisionnement. Une chambre libyenne des produits agroalimentaires nous propose également d’organiser une action. Enfin, certaines des entreprises ayant participé à nos missions en Libye ont commencé à y exporter», souligne Tarek Chérif.
Le patron de la CONECT pense d’ailleurs que les opérations triangulaires en direction et avec la Libye dont on parle depuis un certain temps sont parfaitement envisageables et possibles. C’est pour cela que ce patronat y a déjà dédié deux rencontres. Dont en particulier une première à Djerba, il y a près d’un mois et demi, ave Harbour et Smadja, sur les infrastructures dans les deux pays. «Dans certains secteurs nous avons effectivement besoin d’avoir une offre tripartite. C’est le cas dans la santé par exemple. Aujourd’hui, les Libyens veulent, à juste titre, des hôpitaux et des cliniques. Un Libyen qui veut réaliser un hôpital ou une clientèle est intéressé par les équipements français et pour le personnel, les plus indiqués sont les Tunisiens parce qu’ils sont habitués à la clientèle libyenne», explique notre interlocuteur. Pour qui «on peut faire des choses, outre la France, avec l’Italie, le Maroc, la Turquie, etc.». Car «c’est ainsi que fonctionne le monde d’aujourd’hui, avec des groupements. Et si on ne met pas sur pied des groupements, on risque d’être éliminés au profit de grands pays, comme la Chine ou les Etats-Unis qui peuvent souscrire seuls pour ce type de projets».
Par contre, au cours de ses six premiers mois d’existence, la CONECT ne s’est pas lancée –comme l’auraient fait d’autres- dans une course à la taille en essayant de recruter un maximum d’adhérents. Car «nous ne sommes pas un parti politique pour mettre en avant le nombre de nos adhérents et nous vanter d’en avoir des dizaines de milliers ou plus», note Tarek Chérif.
Au bout de six mois, la CONECT ne compte que 600 à 650 entreprises adhérentes. «Mais il faut voir ce qu’elles représentent. Nous avons de tout: de petites et de grandes structures. Nous comptons parmi nos adhérents six des 58 entreprises cotées à la Bourse –soit 10% du total. Et ce n’est pas des moindres: Poulina Group Holding, ce n’est pas peu, c’est quelques milliers d’employés. Nous avons également Hexabyte –la seule entreprise introduite en Bourse cette année- et dont le p-dg, Naceur Hidouci, est président de notre groupement professionnel de l’économie du savoir. Nous avons donc une palette très diversifiée d’entreprises de différentes tailles mais qui pèsent dans l’économie tunisienne. Et notre volonté est de passer la barre des 1000 adhérents d’ici la fin de l’année», observe le président de la CONECT. Qui rappelle que «les deux conditions que nous avons mises dans nos statuts –avoir au moins trois employés et être fiscalement dans le régime réel- font que les entreprises d’une seule personne ne peuvent pas adhérer à la CONECT. Celles que nous avons représentent un poids significatif dans l’économie tunisienne. Nous avons fait ce choix sciemment parce que les problématiques ne sont pas les mêmes. Nous ne voulons que nos adhérents soient gênés dans les réunions par des problématiques différentes».