Le marché obligataire nerveux après une rumeur de dégradation de la France

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à Paris (Photo : Eric Piermont)

[19/04/2012 13:57:35] PARIS (AFP) Le marché obligataire faisait preuve de nervosité jeudi en milieu d’après-midi, ébranlé par une rumeur sur une prochaine dégradation de la note de la France, alors même que deux émissions considérées comme test s’étaient bien passées un peu plus tôt.

“L’éventualité d’une dégradation de la France n’est pas à prendre au sérieux. Ce sont des rumeurs de rumeurs; il est quasi impossible qu’une agence de notation se permette de dégrader la France à quelques jours du premier tour de l’élection présidentielle”, a réagi Patrick Jacq, stratégiste obligataire chez BNP Paribas.

“Pour autant cela prouve que le marché est particulièrement nerveux”, a-t-il ajouté.

Sur le marché secondaire, là ou s’échange la dette après les émissions, les taux ont subitement progressé vers 13H30 (11H30 GMT) après l’apparition de la rumeur, avant de fléchir à nouveau.

Une source gouvernementale française, interrogée par l’AFP, a affirmé que “cette rumeur sur la dégradation de la France n'(était) pas fondée”. “Il n’y a rien de neuf par rapport à cela auprès des agences de notation”, a-t-elle ajouté, sous couvert d’anonymat.

Vers 15H00 (13H00 GMT), les taux à 10 ans de la France s’inscrivaient à 3,061% contre 3,005% mercredi soir. Ceux de l’Espagne, pays qui concentre depuis longtemps les inquiétudes des marchés, s’établissaient à 5,884% contre 5,792% la veille.

Des taux qui sont certes en hausse, mais sans excès et qui prouvent que les adjudications de titres de dette tenues en matinée, tant en Espagne qu’en France, ont été bien accueillies par les marchés, malgré le regain d’inquiétude en zone euro et les incertitudes liées à l’élection présidentielle française.

Dans l’ensemble malgré le contexte délicat, ces deux adjudications se sont bien déroulées eu égard à la forte demande et au fait que les taux n’ont pas explosé, jugent les analystes.

Jeudi matin, les investisseurs ont eu les yeux rivés sur l’Espagne, pays chahuté depuis trois semaines par des marchés qui doutent de la capacité de Madrid à juguler son énorme déficit.

La demande a été au rendez-vous ce qui prouve que l’Espagne peut toujours se financer, indique-t-on chez Natixis. Les taux de l’échéance-phare, à dix ans, sont toutefois remontés mais sont restés sous la barre symbolique des 6%.

En France, une adjudication de titres à moyen terme, la dernière avant le premier tour de l’élection présidentielle, était également scrutée par les marchés, en raison des incertitudes entourant les résultats du scrutin.

Là également les investisseurs ont considéré cette émission comme réussie car elle a attiré une forte demande, comprise entre 1,5 et 3 fois l’offre.

Le Trésor a levé 10,5 milliards d’euros, soit le montant espéré (9 à 11 milliards) sur 4 lignes d’obligations à moyen terme. Là encore, la demande a largement dépassé l’offre, de 1,5 fois à 3 fois. Sur une ligne à 5 ans une légère hausse des taux a été notée à 1,83% contre 1,78% un mois plus tôt.

“Emission sans surprise, les résultats sont bons, le marché est peu ému par le scrutin de l’élection présidentielle”, note Cyril Regnat, stratégiste obligataire chez Natixis.