Grèce : les banques s’apprêtent à subir de lourdes pertes sur 2011

photo_1334843074386-1-1.jpg
ège de la Banque Nationale de Grèce à Athènes (Photo : Louisa Gouliamaki)

[19/04/2012 13:44:59] ATHENES (AFP) Les quatre principales banques grecques se préparent à annoncer vendredi des pertes massives pour 2011 dues à la récente restructuration de la dette souveraine du pays, ce qui va entraîner une complexe opération de recapitalisation permise par un soutien européen public.

La Banque Nationale de Grèce (BNG), numéro 1, suivie par Alpha Bank, Eurobank et Banque du Pirée, devraient perdre au moins 20 milliards d’euros sur l’année, selon analystes et médias, en raison de la dévalorisation qu’elles ont subies sur les obligations souveraines grecques qu’elles détenaient.

“Le volume des pertes est théoriquement prévu à 20 milliards d’euros mais ce qui est important c’est la façon dont elles seront réparties dans l’année”, a indiqué à l’AFP Panayotis Petrakis, professeur d’économie financière à l’université d’Athènes.

La restructuration a permis l’effacement d’environ 105 milliards d’euros de dette publique, soit près de la moitié des obligations souveraines grecques détenues par des créanciers privés, au premier rang desquels les banques commerciales du pays qui ont perdu 70% de la valeur comptable des titres qu’elles détenaient.

Selon le quotidien libéral Kathimérini, dans les comptes 2011, “la BNG doit subir les plus importantes pertes, car elle détenait le plus grand nombre de titres grecs; suivent la Banque du Pirée, Eurobank et Alpha Bank”.

Pour contrebalancer l’hémorragie et assurer les liquidités sur le marché, le deuxième plan d’aide accordé à la Grèce à la mi-mars par la zone euro et le FMI prévoit la recapitalisation des banques et un premier versement de 25 milliards d’euros par le Fonds européen de stabilité financière (FESF).

Cette tranche devait être encaissée jeudi, a assuré le ministère grec des Finances.

Le Premier ministre Lucas Papademos, à la tête d’un gouvernement de coalition droite-socialistes depuis novembre et artisan de l’opération de restructuration de dette, a rencontré jeudi le gouverneur de la Banque de Grèce, Georges Provopoulos, pour discuter de la procédure de la recapitalisation des banques qui va suivre dans la foulée.

Cette procédure, qui peine à commencer en raison d’intenses négociations sur la méthode entre gouvernement, banquiers et experts de la troïka des créanciers du pays (UE-BCE-FMI), sera l’une des priorités du nouveau gouvernement attendu à l’issue des élections du 6 mai.

“La première chose à faire pour le futur gouvernement est de prendre la direction des banques (via la recapitalisation, NDR) et de les forcer à financer l’économie réelle du pays, car il y a un risque systémique que le pays s’effondre”, met en garde Stylianos Padelidakis, gestionnaire de fonds au cabinet conseil Primexis.

Selon lui, il y a urgence. D’autant qu’en raison de la crise qui frappe le pays, les banques grecques souffrent par ailleurs d’un taux de créances douteuses exceptionnellement et anormalement élevé (14,7% du total des prêts), un taux record qui se compare à une moyenne de 1 à 3% hors période de crise, précise-t-il.

Pour que la recapitalisation n’apparaisse pas uniquement comme une nationalisation, les banquiers grecs proclamant que la crise grecque n’est pas due à leurs erreurs mais à celles de l’Etat, l’un des enjeux de l’opération reste l’ouverture d’au moins 10% du capital des banques au privé dans la foulée.

Le gouvernement a ainsi annoncé la semaine dernière que l’ouverture au privé serait faite sous forme de titres semblables à des obligations convertibles traditionnelles.

“La procédure de la recapitalisation des banques est la seconde plus importante et compliquée opération après le PSI, un test pour la stabilité et la fiabilité du système bancaire”, explique M. Pétrakis, qui n’exclut pas “des changements” dans le paysage bancaire du pays.