L’emprise des Européens sur le FMI discutée à Washington

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ère du FMI à Washington DC, le 21 avril 2012 (Photo : Nicholas Kamm)

[21/04/2012 16:19:58] WASHINGTON (AFP) Les Etats membres du Fonds monétaire international discutaient samedi à Washington des orientations d’une institution maintenant richement dotée, où l’emprise des Européens est controversée.

Le FMI a reçu l’engagement de la zone euro et d’une vingtaine de pays d’augmenter ses ressources de “plus de 430 milliards de dollars”. Plus de la moitié de ce total est venu d’Europe.

“Cela double presque la capacité de prêt du Fonds. Cela montre véritablement la détermination de la communauté internationale d’avoir les outils pour résister et se défendre face aux crises”, s’est félicitée la directrice générale, la Française Christine Lagarde.

Pour autant, tout l’argent entassé dans les coffres du FMI ne peut mettre un terme au débat sur la réforme de la représentation des Etats membres. La question des ressources étant réglée, ces querelles byzantines qui agitent l’organisation depuis de longues années ressurgissent.

Grand animateur de ce débat, le Brésil s’est lancé dans une charge contre les Européens, dont les quotes-parts (la contribution permanente au capital du FMI, qui détermine les droits de vote) recèlent pour lui des “anomalies”.

Celle du Brésil, a constaté le ministre des Finances Guido Mantega dans sa déclaration écrite devant l’instance politique du FMI, “équivaut à celle des Pays-Bas”, et celle de l’Espagne, “aussi étonnant que ça puisse paraître, est plus grande que le total de l’ensemble des 44 pays d’Afrique subsaharienne”.

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étaire au Trésor Timothy Geithner (g) discute avec le gouverneur de la banque centrale chinoise Zhou Xiaochuan (c) et le ministre saoudien des Finances Ibrahim al-Assaf, le 21 avril 2012 à Washington DC (Photo : Nicholas Kamm)

“Il ne faut pas essayer de réinventer la roue”, a-t-il plaidé: son pays veut baser les quotes-parts sur le produit intérieur brut, qui n’est qu’une variable parmi d’autres aujourd’hui.

Même cette idée ne fait pas l’unanimité. “Il y a plus d’enjeux pour une petite économie ouverte dans le système financier international qu’une grande économie avec peu de liens extérieurs”, a considéré le ministre émirati, Obaid Humaid Al-Tayer, au nom d’une douzaine de pays arabes qui souhaitent conserver le critère de l’ouverture aux échanges commerciaux.

Le ministre sud-africain Pravin Gordhan, qui s’exprime au nom de 21 pays de son continent, a signalé que depuis une trentaine d’années, chaque réforme des droits de vote du Fonds avait diminué les droits de vote de l’Afrique.

“On ne peut compter sur l’Afrique subsaharienne pour continuer à soutenir des réformes qui cherchent à légitimer le FMI, tout en sapant dans le même temps la représentation d’un grand nombre de pays”, a-t-il prévenu.

Pour la ministre danoise Margrethe Vestager, dont le pays exerce actuellement la présidence tournante de l’Union européenne, l’Europe “travaille” pour tenir “son engagement de réduire la représentation au conseil d’administration de deux sièges pour les pays européens avancés”.

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ésents pour une réunion du FMI, le 21 avril 2012 à Washington DC (Photo : Nicholas Kamm)

“J’exhorte mes collègues européens à avancer sur leurs engagements dans la réforme du conseil d’administration”, a affirmé le secrétaire au Trésor des Etats-Unis Timothy Geithner.

Par ailleurs, Mme Vestager a rappelé que les progrès dans le rééquilibrage des droits de vote dépendaient de la ratification par les parlements nationaux d’une réforme adoptée fin 2010. “Les Etats membres de l’UE ont conscience de leur responsabilité dans la réussite de la mise en oeuvre” de cette réforme, selon elle.

Sur cette question, les regards sont tournés vers le premier actionnaire, les Etats-Unis. Le FMI a impérativement besoin de leur ratification pour faire entrer en vigueur la réforme de 2010, qui consacrait la montée en puissance des émergents, au détriment surtout de l’Europe.

Un responsable américain a indiqué vendredi à la presse que le gouvernement n’avait pas encore décidé quand il proposerait au Congrès de voter sur cette question. M. Geithner n’en a pas touché un mot.