Le monde vit aujourd’hui au rythme des crises financières (crise des subprimes, crise de la dette souveraine…). Le système financier se trouve ainsi menacé, ce qui suscite l’intérêt d’experts et de chercheurs de par le monde afin de comprendre les enjeux de la stabilité financière et proposer des solutions afin de la renforcer.
Les 11 et 12 février 2012, l’Ecole Supérieure de Commerce de Tunis, en partenariat avec l’université de La Manouba, le Laboratoire de recherche ECSTRA (IHEC Carthage – Présidence) et la Fondation Hanns Seidel Maghreb, a organisé, à Tunis, la Deuxième conférence internationale «Finance, Banque et Développement» (FBD 2012), sous le thème «Enjeux et moyens de renforcement de la stabilité financière».
La rencontre a réuni des universitaires, des chercheurs ainsi que des professionnels de plusieurs pays, entre autres d’Algérie, de France, de Libye, du Maroc et de Tunisie, afin de répondre aux questions touchant à la stabilité financière qui a été traitée sous toutes ses coutures: de la banque conventionnelle et islamique à l’assurance, sans oublier le passage par le marché financier.
Un programme riche et varié a meublé ces deux journées comportant des séances plénières, des sessions parallèles et autres ateliers doctoraux.
Les trois sessions plénières ont été rythmées par des interventions de plusieurs professeurs et experts: Pr. André CARTAPANIS (Institut d’Etudes Politiques d’Aix-en-Provence), Pr. Jameleddine CHICHTI (ESC Tunis, ECCOFIGES, Université de La Manouba, ECSTRA IHEC Carthage), Pr. Moez LABIDI (FSEG Mahdia, Université de Monastir), Pr. Hatem SALAH (ESC Tunis, Université de La Manouba), Pr. Mohamed Imen GALLALI (ESC Tunis, Université de La Manouba), Mr. Mohamed NOURI (COFFIS, France), Mr. Abdelhak EL KAFSI (Islamic Finance Consultants BSC (c), Bahreïn).
La première séance plénière intitulée «Enjeux de la stabilité financière» s’est intéressée, tout d’abord, à la thématique de la stabilité financière comme étant indissociable des Banques centrales, d’où la nécessité de réexaminer leurs rôles et leurs missions et d’instaurer ainsi un modèle de new central banking.
La crise de la dette souveraine a été aussi évoquée de par ses effets sur le secteur bancaire de la Zone euro.
Concernant la Tunisie, des propositions en vue d’instaurer un nouveau modèle de gouvernance du système financier ont été présentées: bien gérer les finances publiques, assurer la transparence de l’information financière, être conscient de l’influence de la croissance sur la santé du secteur bancaire et la nécessité de diversifier les sources de financement de l’économie…
Pour le secteur de l’assurance, la question qui s’est posée porte sur la place de ce secteur dans la stabilité financière. Etant réputé être absorbeur de chocs et non source d’instabilité financière, on ne peut pas ignorer pour autant les risques liés à la mutation qu’il a subis et qui, par conséquent, ne doivent pas être sous-estimés surtout suite à la faillite de grands groupes d’assurance aux Etats-Unis d’Amérique.
La deuxième session ayant porté sur les «Risques et supervision bancaire» a permis de comprendre la manière avec laquelle l’approche de régulation et de supervision bancaire a évolué tout en se focalisant sur les différents accords de Bâle. Ceci a été complété par la présentation d’une méthode de mesure de la résistance du système bancaire face à des situations économiques extrêmes, à savoir les stress tests dont la fiabilité est une source de débat.
La troisième session intitulée «Finance islamique et stabilité financière», ayant suscité un vif débat dans la salle, a cherché à exposer le modèle de la finance islamique comme alternative afin de garantir la stabilité financière. En effet, le système financier islamique repose sur le commerce et la production et non sur l’intérêt, ce qui l’immunise contre l’instabilité. Les solutions proposées afin de garantir la stabilité financière passent par des techniques de financement (la Murabaha, l’ijara, le Salam…) ainsi que des opérations de titrisation portant sur des titres adossés à des actifs tangibles, à savoir les Sukuks ayant fait l’objet d’une intervention portant sur l’infrastructure nécessaire à la croissance de ce marché obligataire islamique.
Pour conclure, le directeur de l’Ecole Supérieure de Commerce, Pr Maher Gassab, a exprimé son intention de renouveler cette manifestation scientifique en annonçant la 3ème édition de la Conférence «FBD2013».
Sur un plan académique, ce genre de manifestation ne peut qu’être bénéfique pour la recherche qui a besoin de voir son rôle évoluer dans le paysage économique et financier tunisien.