Bien parti pour devenir le port de plaisance n°1 en Tunisie, tant par sa capacité –près du tiers des anneaux disponibles dans le pays-, que par la qualité de ses installations et des services qu’il se propose d’offrir dès son entrée en activité en octobre 2012, le nouveau port de Bizerte pourra, si tous les acteurs, Etat en premier, font le nécessaire pour l’y aider, s’adjuger une part du marché plaisancier méditerranéen. Pour le plus grand bien de l’ensemble du secteur tunisien.
Deux ans après l’échec de la réforme initiée en 2003, dans le but de donner une impulsion à la plaisance, une nouvelle dynamique s’est enclenchée depuis quelques mois avec toujours le même objectif en point de mire: créer un contexte favorable au développement de cette activité en Tunisie.
«Depuis peu, nous constatons que certaines choses commencent à changer», observe une source proche du dossier. En particulier, après avoir été longtemps «sourde aux remarques et doléances du secteur», l’autorité de tutelle –le ministère du Tourisme en l’occurrence- y est devenue plus attentive. Elle serait même en train, outre des réformes ayant trait au cadre général de l’activité économique dans le pays, de préparer des mesures spécifiques concernant la plaisance. Un changement d’attitude qui reflète probablement une prise de conscience de l’importance économique de ce secteur.
En effet, la plaisance est génératrice de rentrées de devises sous forme de «frais d’accostage, redevances et taxes portuaires, location de bateaux, etc.» et, surtout d’emplois. «On estime le nombre d’emplois directs à 22 pour 100 postes d’amarrage, auxquels s’ajoutent les emplois découlant des activités liées à la plaisance comme la location de bateaux, la plongée sous-marine…», calcule Slaheddine Mzabi, conseiller auprès du ministre du Tourisme. Qui estime à 100.000 les emplois directs et indirects que la plaisance pourrait créer en Tunisie en dix ans.
Le projet de Marina Bizerte, dont la réalisation a commencé en juillet 2009, n’y est pas étranger à l’actuel «brain storming» sur les moyens de faire décoller la plaisance en Tunisie. Car ayant compris très tôt que l’activité du port de plaisance projetée dans cette ville ne pourrait pas prendre son envol si les conditions requises n’étaient pas réunies, Marina Bizerte a entrepris d’agir rapidement pour les réunir, notamment en entamant avec les autorités un dialogue sur ce qu’il convient de faire pour que la Tunisie devienne un acteur important, pour ne pas dire majeur, de la plaisance.
Pour continuer sur cette lancée et faire aboutir ce processus, Marina Bizerte projette d’organiser, un séminaire destiné à définir les objectifs stratégiques de la plaisance en particulier et du tourisme nautique en général qui comprend toutes les autres activités liées à la mer et aux lacs et peuvent devenir des centres d’animation touristique régionale.
Ensuite, les professionnels jugent nécessaire de demander, de nouveau, l’aide de la France dans l’actualisation et la mise en œuvre du schéma directeur élaboré en 2003 par le bureau d’études CREOCEAN, dans le cadre de la coopération tuniso-française. Un texte resté quasiment lettre morte, «faute de décision politique claire», estime une source proche du dossier.
Avant même de commencer à dialoguer avec les pouvoirs publics, les promoteurs de Marina Bizerte ont essayé d’attirer à Bizerte les opérateurs dont la présence est absolument nécessaire à l’expansion du marché plaisancier: les sociétés de charter –c’est-à-dire de location des bateaux avec ou sans équipage, durant les périodes où ils ne sont pas utilisés par leurs propriétaires.
Malheureusement, aucune de ces sociétés n’a à ce jour envisagé de venir s’implanter en Tunisie, car rien dans la réglementation afférente à la plaisance, toujours en vigueur dans notre pays, n’était de nature à l’y encourager.
L’expérience des pays ayant déjà réussi leur percée dans le monde de la plaisance démontrant que le développement de cette activité «ne peut se faire qu’avec l’ouverture des eaux territoriales au travail des entreprises pouvant fournir les plaisanciers en bateaux leur permettant d’exercer leur hobby», un expert propose de prendre une série de dispositions pour rendre la Tunisie plus attractive aux yeux des sociétés de charter et de courtage, dont l’arrivée dans le pays contribuera grandement à en faire une destination très recherchée.
Il s’agit en particulier de suspendre les droits de douane et autres taxes –actuellement de 270%- «pendant au moins sept ans, durée de l’amortissement»-, accorder à ces sociétés en matière de change les avantages dont jouissent les entreprises exportatrices, autoriser l’accès à la propriété de bateaux de deuxième main, de revoir la réglementation en matière de conduite de bateaux de plaisance pour permettre l’éclosion de nouvelles professions telles que conducteurs de bateaux (dits skippers), mécaniciens, moniteurs d’école de navigation, etc.
Bien parti pour devenir le port de plaisance n°1 en Tunisie, tant par sa capacité –près du tiers des anneaux disponibles dans le pays-, que par la qualité de ses installations et des services qu’il se propose d’offrir dès son entrée en activité en octobre 2012, le nouveau port de Bizerte pourra, si tous les acteurs, Etat en premier, font le nécessaire pour l’y aider, se tailler une part du marché plaisancier méditerranéen. Ce qui ne manquerait pas de profiter aux autres ports de plaisance tunisiens.