La Bourse de Francfort, le 9 mars 2012 (Photo : Daniel Roland) |
[24/04/2012 15:14:48] PARIS (AFP) Taux en hausse pour l’Italie et l’Espagne, menaces sur le triple A des Pays-Bas : les tensions restent vives autour de la zone euro, en dépit d’une accalmie relative mardi sur les marchés où les investisseurs s’inquiètent toujours de voir ressurgir la crise de la dette.
Les marchés européens ont repris leur souffle mardi, après s’être affolés la veille de la démission du gouvernement néerlandais et de l’incertitude quant à l’issue du scrutin présidentiel en France, qui a vu au premier tour le candidat socialiste François Hollande devancer Nicolas Sarkozy.
Après avoir ouvert en hausse, la Bourse de Paris accélérait sa progression et gagnait plus de 2% vers 17H00 (15H00 GMT), tandis que Londres, Francfort et Madrid progressaient respectivement de 0,54%, 0,85% et 1,88%. La place madrilène campe cependant à ses plus bas niveaux depuis trois ans.
Pour les analystes, cette modeste reprise est avant tout technique, quand les investisseurs tentent de récupérer leurs pertes de la veille. “Les nombreuses incertitudes qui planent sur le marché rendent difficile un rebond durable”, remarquait à Paris Markus Huber, chez Etx Capital.
“Il faut s’attendre à ce que les nuages qui assombrissent le marché ne se dissipent pas de sitôt”, prédisait à Francfort Christian Schmidt, stratégiste actions de la banque Helaba, en référence aux inquiétudes pesant sur les Pays-Bas, l’Espagne et le paysage politique français.
Signe de la fragilité de la situation: l’Espagne et l’Italie ont payé beaucoup plus cher pour se financer à court et moyen terme, avec des taux presque doublés pour les deux emprunts à trois et six mois émis par Madrid et en forte hausse pour ceux émis par Rome à échéance de deux, cinq et sept ans.
Une légère détente était toutefois enregistrée sur le marché secondaire, où s’échangent les obligations déjà émises. Après avoir bondi lundi, les taux étaient tous en repli.
Le ministre espagnol du Budget, Cristobal Montoro, a admis mardi que son pays était “dans un moment extrêmement délicat, un moment d’extrême fragilité” alors que les marchés doutent de sa capacité à observer son strict programme budgétaire, dans un contexte de récession.
L’incertitude reste forte aussi autour des Pays-Bas, au lendemain de la démission du gouvernement après l’échec des négociations sur la réduction du déficit public.
Les Pays-Bas sont parvenus mardi à emprunter sans problème 2 milliards d’euros à échéance 2014 et 2037. Mais La Haye est dans le collimateur des agences de notation: Moody’s a menacé lundi soir de dégrader la note AAA des Pays-Bas, la meilleure possible, qui permet au royaume d’emprunter aux meilleurs taux.
La perspective d’une victoire en France, le 6 mai, du candidat socialiste François Hollande à l’élection présidentielle a également relancé le débat sur le pacte budgétaire européen.
Le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, a rejeté mardi l’appel de M. Hollande à remettre à plat ce pacte en cas de victoire. Ce traité, signé le 2 mars par 25 pays européens, vise à renforcer la discipline budgétaire commune.
Autre motif d’inquiétude pour les investisseurs, le produit intérieur brut de la Grèce devrait reculer en 2012 davantage que prévu, de “près de 5%”, après un recul de 6,9% en 2011, a indiqué mardi la Banque de Grèce.
Prudent dans ce contexte, le gouvernement allemand a maintenu inchangées ses prévisions de croissance, soit 0,7% en 2012 et 1,6% en 2013, a appris l’AFP d’une source proche du gouvernement, alors que les principaux instituts de recherche économique du pays avaient relevé leurs prévisions.